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Marie-Christine Blandin verte de colère…

Dans un entretien accordé à la revue Politis le 24 avril 2008, la sénatrice du parti Verts Marie-Christine Blandin s’inquiète de l’influence d’Agriculture & Environnement auprès des parlementaires, qui « reprennent sans aucun esprit critique [son] contenu ». « Comme ce n’est pas sur papier glacé, c’est presque plus efficace ! », assure la sénatrice, qui en profite pour répandre des rumeurs amalgamant A&E et « le lobby des OGM ». Pour confirmer ses propos, Politis affirme en note de bas de page, toujours sans la moindre preuve, que « renseignements pris », Amos Prospective, la société éditrice de A&E, serait « soutenue par les sociétés agroalimentaires ». N’en déplaise à Politis, A&E n’est pas financée par un géant de l’agroalimentaire. Ce qui est, en revanche, le cas de l’association anti-OGM de Corinne Lepage, le Crii-Gen, qui bénéficie des largesses de Carrefour.

Contrairement à ce qu’avancent ces allégations, A&E fonctionne exclusivement grâce à ses abonnements, dont le nombre dépasse aujourd’hui les 2.000, pour un tirage mensuel d’environ 6.500. Les 4.500 exemplaires restants faisant partie d’une politique de promotion de la revue, tout comme le site www.agriculture-environnement.fr, dont tous les articles sont accessibles gratuitement. Cette politique a contribué à faire connaître A&E, qui est devenu en moins de cinq ans d’existence une référence allant bien au-delà du monde agricole. C’est sûrement d’ailleurs ce qui doit rendre la sénatrice Blandin verte de colère.

Politis, une revue indépendante ?

Si A&E s’auto-finance, ce n’est pas le cas de la revue de Bernard Langlois, qui semble habituée aux « fonds occultes » et aux « montages financiers », à en croire les propos de l’un de ses anciens journalistes, Fabrice Nicolino. Selon ce dernier, dès le début des années 1990, Bernard Langlois n’aurait pas hésité à profiter de son amitié avec le Premier ministre de l’époque, Michel Rocard, pour tenter d’obtenir une aide providentielle grâce à « un complexe montage financier ». Ce montage aurait été organisé par le directeur de cabinet du Premier ministre, Jean-Paul Huchon. « La Macif, coopérative bien connue, alors proche des rocardiens, apporterait cinq millions de francs de l’époque. Le promoteur Pellerin – celui de La Défense, oui ! – 500.000 francs. Et l’entreprise Spie-Batignolles 500.000 francs aussi. Je pourrais mentir et prétendre que je n’ai rien su. Mais non. Si je n’ai rien connu des détails, j’ai appris les grandes lignes de cet accord plus ou moins secret, et l’ai donc accepté. Politis, journal à gauche de la gauche, s’apprêtait à être sauvé par de francs ennemis. Sur fond d’occultes rapports de forces politiques et même judiciaires », poursuit Fabrice Nicolino. Toujours selon lui, si ce curieux montage n’a pas abouti, ce n’est pas en raison du refus des journalistes, adeptes du commerce équitable et de la morale économique, mais simplement suite à un désistement des futurs sponsors, qui n’auraient pas apprécié la publication d’un article intitulé Brioude, une bombe au cœur de la ville ?.

Politis a donc été chercher de l’aide ailleurs. En l’occurrence chez Thierry Wilhelm (de la société Doxa), qui à lui seul a recapitalisé la revue. Mais le mensuel altermondialiste doit surtout sa survie à l’apport financier, deux ans plus tard, du Monde diplomatique, qui y voyait un moyen de favoriser l’émergence d’un organe de presse favorable à l’association Attac, créée justement… par ses soins !

A peine six ans plus tard, la revue a cependant frôlé de nouveau la faillite, la gestion et l’économie réelle n’étant pas le fort de ses administrateurs. Comme l’explique son directeur Denis Sieffert, à partir du début 2006, un plan de reprise a été proposé. Il s’agissait alors de « tenir en attendant la victoire de Ségolène Royal en 2007… », affirme Sieffert, qui ajoute : « Faire de Politis le journal de Ségolène Royal, après avoir failli faire celui de la direction d’Attac, n’était guère, c’est le moins que l’on puisse dire, respectueux de la rédaction ni de nos lecteurs ». C’est alors qu’est décidé le lancement d’une souscription « populaire ». « Au mois d’octobre 2006, plus de six mille souscripteurs se sont mobilisés pour recapitaliser le titre et lui apporter un million d’euros en un mois », peut-on lire sur le site de la revue, qui précise : « Derrière Politis, pas de marchand de canons, pas d’avionneur, pas de richissime héritier. » Vraiment ? Pourtant, sur ce million d’euros, environ 800.000 n’ont-ils pas été accordés par Jean-Louis Gueydon de Dives et sa Fondation pour une Terre humaine ? Par Laurent Chemla et Valentin Lacambre, deux associés de Gandi SAS, qui ont fait fortune dans l’enregistrement de noms de domaines Internet ? Et par Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et ancien conseiller de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, puis de Pierre Joxe, lors de ses ministères de l’Intérieur et de la Défense ?
Que de simples citoyens sans fortune ni influence…

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