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Cruiser : le moment de vérité

Dans le dossier du Cruiser, Michel Barnier avait promis qu’il agirait en toute transparence. Pourtant, l’équipe de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) en charge du suivi post-homologation ne s’est jusqu’à présent pas montrée très loquace. Les quelques informations qui ont circulé ont même été souvent contradictoires. Or, les faits sont là : 650 000 hectares (soit quatre fois plus que l’année dernière) ont été semés avec des graines de maïs enrobées de Cruiser, sans que la moindre colonie d’abeilles ne soit mise en péril. Mieux, pas une seule ruche n’a subi d’effondrement notable durant les semis. Les résultats de terrain, grandeur nature, montrent ainsi qu’utilisé correctement, le Cruiser permet la cohabitation entre apiculteurs et agriculteurs responsables. « Vu le nombre d’hectares semés, on ne peut pas dire que le Cruiser soit plus dangereux pour les butineuses que bien d’autres pesticides », se doit d’admettre Joël Schiro, le président du Syndicat des producteurs de miel de France (SPMF), qui note néanmoins que les apiculteurs professionnels auraient pu être davantage impliqués dans le suivi post-homologation qu’ils ne l’ont été. Ce suivi a mentionné trois incidents, survenus en Charente-Maritime, en Vendée et dans le Loiret. Toutefois, la DGAL est restée bien silencieuse à ce sujet. Une attitude malheureusement propice au développement de rumeurs de toutes sortes.

Tous les participants au suivi post-homologation n’ont pas montré la même retenue. Le responsable des sites du Loiret, Florent Vacher – par ailleurs membre du conseil d’administration de Terre d’Abeilles et militant anti-Cruiser notoire –, n’a ainsi pas hésité à livrer ses propres observations au 20 heures de France 2, le 26 mai dernier. Montrant à la caméra une poignée d’abeilles mortes, il a déclaré que les mortalités de ses sept ruches s’élevaient à environ « 40  % des butineuses ». Des mortalités qu’il a attribuées sans hésitation au Cruiser, avant même la réalisation de la moindre analyse. Un chercheur du CNRS, très impliqué depuis plus de dix ans dans la lutte contre les traitements de semences, est également intervenu en proclamant sur la chaîne publique que la présence de résidus de thiaméthoxam – même à des doses plus de vingt fois inférieures à la DL 50 par contact – était nécessairement la cause de ces mortalités. Pour ces deux personnes, la chose est donc entendue : inutile de pousser plus avant les investigations. Or, d’autres causes ne pourraient-elles pas expliquer ces mortalités ? Selon les investigations menées par A&E, des colzas en pleines fleurs situés dans le même périmètre que les ruches de M. Vacher ont été traités contre les méligèthes exactement au moment où les maïs ont été semés. Des recherches sur une éventuelle présence de ces pyréthrinoïdes – dont certains mélanges peuvent s’avérer explosifs pour les abeilles – ont-elles été effectuées ? Difficile de le savoir, la DGAL se gardant de tout commentaire.

Cette question sera sans aucun doute débattue lors de la réunion du comité de suivi post-homologation du 19 juin prochain. À cette occasion, on ne peut qu’espérer que toute la lumière sera faite sur ce cas litigieux . Et que la promesse de transparence faite par Michel Barnier sera donc bien tenue.

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