Alors que le Groupe national ours dans les Pyrénées (GNOP), mis en place en août dernier par l’ex-secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a achevé sa mission en se réunissant une ultime fois le 24 juin 2009, le sénat espagnol a adopté à l’unanimité une motion demandant à la France de ne pas poursuivre sa politique de réintroduction d’ours dans les Pyrénées.
« Nous considérons que la stratégie adoptée ces dernières années pour protéger ou améliorer la situation de l’ours sur la chaîne pyrénéenne n’a pas été la plus appropriée », a noté Roberto Bermudez de Castro Mur, sénateur espagnol et membre du Parti Populaire, lors de la séance du 11 mai 2009. « Il faut dire que nous sommes partisans de maintenir, de préserver l’espèce, mais en aucun cas de réintroduire des individus venant d’ailleurs », a-t-il poursuivi. L’élu aragonais s’en est surtout pris au « caractère clairement carnivore et agressif de l’ours slovène introduit », contrairement « à l’ours autochtone pyrénéen, dont le comportement est clairement non agressif ». « Ces dernières années, à cause de ces réintroductions, les éleveurs et apiculteurs de la zone ont été victimes de beaucoup plus d’attaques. […] Ils craignent de devoir mettre fin à leur activité pour un problème que nous-mêmes nous leur avons causé », a conclu le sénateur, qui demande « au gouvernement qu’à partir d’aujourd’hui, toutes les actions concernant l’ours pyrénéen se fassent de façon coordonnée avec toutes les administrations. C’est-à-dire par un consensus entre le gouvernement d’Espagne, le gouvernement de France, les communautés autonomes et les conseils généraux concernés ».
Le sénateur du Parti Populaire a reçu le soutien de son collègue du Parti socialiste catalan, Joseph Maria Batlle Farran : « Si nous avons ce problème en Espagne, ce n’est pas l’Espagne qui en est la cause, mais les Français qui ont introduit ce type d’ours de leur côté des Pyrénées. Car comme l’a indiqué le sénateur Bermudez de Castro Mur, les ours ne connaissent pas les frontières. Ils ne comprennent pas les limites et ils vont où ça leur chante ». Des propos soutenus par Mme Esmeralda Iranzo Sanchèz, sénatrice de Teruel (Aragon) et membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) : « La réintroduction d’ours dans les Pyrénées, c’est le gouvernement français qui en est responsable, et non le gouvernement espagnol. Et je veux qu’il soit clair qu’en ce moment précis, le ministère de l’Environnement, du Milieu Rural et de la Marine n’a aucun projet de réintroduction d’ours dans les Pyrénées ». Si la sénatrice admet que « l’ours se trouve dans une situation critique », elle estime « qu’il n’est pas en péril d’extinction ». En conséquence, son parti « n’est pas partisan de la réintroduction d’ours dans les Pyrénées, mais de la conservation de ceux qui existent, et ce à travers la stratégie nationale de conservation de l’ours dans les Pyrénées. » Mme Iranzo Sanchèz a insisté pour que le gouvernement poursuive sa collaboration avec les trois communautés autonomes des Pyrénées (Aragon, Catalogne et Navarre) afin de financer des actions « tendant à rendre compatible la présence de l’ours avec le maintien des usages traditionnels, notamment l’élevage », qui nécessite une amélioration de ces structures. Même son de cloche du côté du groupe politique Convergence et Union : son représentant, Joan Roig y Grau, a souligné son soutien à la motion, estimant « qu’il ne faut plus s’aventurer à ces réintroductions d’espèces ». « Nous considérons qu’il peut y avoir d’autres initiatives beaucoup plus profitables pour notre société », a indiqué le sénateur catalan.
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Traduction du compte-rendu de séance du 11 mai 2009