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Davantage d’interdictions, et toujours moins de miel…

Dès 1999, l’ancien ministre de l’Agriculture Jean Glavany avait interdit l’usage du Gaucho pour le traitement des semences de tournesol afin de satisfaire les demandes des syndicats apicoles, qui étaient persuadés que ce produit était responsable des mortalités d’abeilles. En 2004, son successeur Hervé Gaymard a interdit l’usage du Gaucho sur le maïs. Toujours pour complaire aux apiculteurs, et toujours sans résoudre leurs problèmes de mortalités d’abeilles. Dans la foulée, il a également interdit l’usage du Régent TS. Et les abeilles ont continué à mourir… En juin 2012, à la veille des élections législatives, Stéphane Le Foll a ensuite interdit l’usage du Cruiser sur colza, au motif qu’il fallait protéger les abeilles. Un an plus tard, suite à un lobbying intense du ministre français de l’Agriculture, l’Union Européenne a décidé de suspendre pour deux ans l’usage du Cruiser, du Poncho et du Gaucho sur le maïs, le tournesol, le colza et les autres cultures attractives pour les abeilles. Résultat : toujours autant de mortalités d’abeilles… et de gémissements des apiculteurs !

Pire, l’apiculture française n’a jamais connu une année aussi lamentable que celle de 2014. Avec un nombre de ruches curieusement stable depuis plus de trente ans (environ 1,3 million), la production de miel a péniblement atteint 10000 tonnes. Soit un tiers de la production des années 1990, alors que les grandes cultures étaient traitées aux pesticides « maudits ».

Il n’est donc pas illégitime de se demander si ces interdictions – sans résultat visible sur les mortalités d’abeilles– ont finalement un sens. C’est en tout cas ce à quoi on aurait pu s’attendre de la part des participants au débat sur la biodiversité qui s’est tenu à l’Assemblée nationale, le 19 mars dernier. Disponible sur Internet, l’échange des rares députés présents est effarant. « Dans le département des Deux-Sèvres, à la sortie de l’hiver, nous constatons une mortalité des abeilles qui va de 60 à 100% dans les ruches », s’inquiète ainsi Delphine Batho… qui oublie qu’il n’y a pas un hectare de culture mellifère traité aux néonicotinoïdes dans ce département ! « Sur le plan scientifique, pas une semaine ne se passe sans qu’un article ne paraisse dans la presse scientifique internationale et dans les plus prestigieuses revues à comité de lecture dénonçant l’effet neurotoxique des néonicotinoïdes », s’enflamme de son côté le député PS Gérard Bapt, qui cite l’étude produite par un consortium de chercheurs-militants financés par la banque des anthroposophes ! Parti en croisade contre les néonicotinoïdes, il n’hésite pas à les qualifier de « ce qu’au Moyen-Âge, on aurait appelé un nouveau fléau de Dieu ». Et dans les rangs de l’opposition, le discours est ambigu. « Le rôle des néonicotinoïdes est évident », affirme ainsi Antoine Herth, qui se dit pourtant hostile à leur interdiction.

La vérité, c’est qu’aucun des quelques copains de Bapt et de Batho qui ont voté l’amendement N°1077 de la loi sur la biodiversité en ce triste jeudi ne se soucie réellement du sort de l’apiculture en France. Ce secteur continuera à dépérir aussi longtemps que les vrais problèmes resteront occultés. Car l’abeille est tout simplement devenue le prétexte d’un tout autre combat : celui contre l’agriculture moderne, productive, innovante et compétitive.

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