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Protection animale et « vegan business »

L214, 269Life, CIWF, LFSA, Peta, Fondation Brigitte Bardot… les associations hostiles aux élevages se multiplient, ainsi que leurs actions à travers le pays. Si certaines restent dans un mode de fonctionnement encore très classique –pétitions, lettres ouvertes aux responsables politiques, lobbying auprès des élus pour modifier les lois–, d’autres ont parfaitement compris le rôle du poids de l’image dans la formation des opinions.

Après L214, voici 269Life

C’est particulièrement le cas de L214, l’association fondée en 2008 par Brigitte Gothière et Sébastien Arsac, célèbre pour ses vidéos qui circulent en boucle sur les réseaux sociaux. Dans sa toute dernière production, L214 présente un montage filmé pendant la nuit dans un élevage porcin breton. Les images chocs sont sans appel : des animaux morts gisants sur le sol depuis plusieurs jours, un environnement insalubre avec des toiles d’araignées dans les couloirs et des médicaments traînant un peu partout. Dévastateur !

Mais désormais, L214 doit composer avec des associations encore plus radicales. Notamment 269Life France, basée à Strasbourg, et 269Life Libération animale, animée par des militants lyonnais.

Présidée par Régis Meyer, la première se distingue par ses actions qui consistent principalement à déverser du liquide rouge, couleur sang, sur divers supports. Plus d’une centaine de boucheries ont déjà été la cible de ces militants répartis à travers le pays. La page Facebook de 269Life France compte plus de 30 000 « like » (ce qui reste très peu au regard des 650000 de L214).

La seconde association, 269Life Libération animale, revendique « une ligne dure ». Avec ses 350 adhérents particulièrement motivés et ses 45 000 « like » sur sa page Facebook, elle possède une force de frappe considérable. En mars dernier, c’est le siège parisien de la coopérative laitière Sodiaal Union qui a fait les frais de ces activistes anti-viande, spécialisés dans les « happenings » ambiance gore. Le 27 avril, elle s’en est prise à l’abattoir Corico à Monsols (Rhône), une structure du géant français de la volaille LDC.

C’était la cinquième opération menée contre les abattoirs en seulement sept mois. L’association revendique une ligne de « confrontation ouverte et violente » avec les filières animales, refusant tout compromis. « On n’exige pas que Herta fasse une gamme de produits végan ou que certains groupes ne s’approvisionnent plus en œufs de poules élevées en batterie, on veut qu’ils disparaissent », martèle Tiphaine Lagarde, co-présidente de l’association et doctorante à la faculté de Lyon. Suite à l’occupation du groupe de charcuterie Aoste, elle encourt une peine de cinq ans de prison ferme et 75000 euros d’amende pour « dégradations volontaires en réunion ». Premier procès d’une longue série à venir…

À l’instar des Faucheurs Volontaires, 269Life Libération Animale veut profiter de ces condamnations, « qui font partie de [sa] stratégie », pour « interpeller et mobiliser à [ses] côtés l’opinion publique, tel David contre Goliath ». Comme L214, son objectif est ni plus ni moins l’abolition totale des élevages et de la consommation de produits à base de viande.

Sauf que cette stratégie de la violence n’est pas du goût des autres associations.« 269Life nous porte préjudice à tous. Par la confrontation, on ferme les gens à la discussion », estime un adhérent du comité de Lille de L214. Une analyse partagée par Ophélie Véron, chercheuse à l’université catholique de Louvain. « De très nombreuses études montrent que la violence ne fonctionne pas pour susciter des changements sociaux », souligne-t-elle.

Le juteux business

Et pourtant, le juteux business du vegan – qui consiste à refuser tout produit à base d’animaux, y compris dans le domaine vestimentaire – fait désormais partie de la stratégie de la grande distribution. C’est en tout cas ce que constate Isabelle Hennebelle, qui signe un excellent article à ce sujet dans L’Express du 3 mai dernier.« Smoothies au lait d’avoine, boulettes végétariennes, wraps de crudités… une petite révolution s’empare des restaurants Ikea de la planète. Trop ringard, le steak de renne aux airelles ! Complétement démodée, l’assiette de saumon fumé ! », ironise la journaliste, qui note qu’après « la folie du bio, cette mode alimentaire déferle dans les magasins ». Selon CHD Expert, 2% des Français « ne jurent que par le steak de tofu ». À ces consommateurs s’ajoutent « 8,5 millions de citoyens qui ont drastiquement réduit leur consommation de viande », poursuit la journaliste. Une aubaine pour les géants de l’agroalimentaire comme Carrefour, qui a lancé Carrefour Veggie. « Nous enregistrons un taux de croissance à deux chiffres », indique Richard Vavasseur, directeur de la marque, qui admet volontiers avoir « échangé » avec l’association L214 avant de mettre ses références sur le marché.

Bourrés d’additifs

Comble de l’ironie, « beaucoup de ces steaks végétaux sont bourrés d’additifs et d’ingrédients inconnus », relève Swantje Tomalak, la fondatrice du salon VeggieWorld. En outre, les protéines qui sont présentes – en général moins de 15 %, ce qui est insuffisant pour répondre aux besoins quotidiens – sont extraites du soja, pour être ensuite réintroduites de manière plus concentrée. « Pour se rapprocher au plus près d’un steak, les industriels doivent aussi ajouter de nombreux additifs : “colorants, gélifiants, épaississants, exhausteurs de goût” », note le magazine 60 Millions de consommateurs dans un dossier qui « lève le voile sur les steaks végétaux ». Conclusion : en général, ces produits contiennent « trop peu de protéines, de fibres et trop de sel », estime le mensuel.

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