Le 21 juin 2020, l’association UFC-Que Choisir mettait sérieusement en garde ses lecteurs contre les « fausses alertes ». « C’est devenu une habitude. Régulièrement, l’association Générations Futures sort un dossier sur la pollution par les pesticides (…) À chaque fois, le propos est très alarmiste, mais c’est logique puisqu’elle milite pour une agriculture 100 % bio », notait alors la journaliste Élisabeth Chesnais, qui s’étonnait « de voir la plupart des médias reprendre quasiment mot pour mot les propos du communiqué de presse de Générations Futures, sans aucun recul et sans trop de vérification ». Elle poursuit : en titrant « “Des pesticides et des perturbateurs endocriniens dans l’eau du robinet”, deux mots qui font peur et à juste titre, la presse gagne à tous les coups ».
Et voilà que moins d’un an après, l’UFC-Que Choisir s’attelle à la réalisation d’une étude sur la présence de pesticides dans l’eau en collaboration avec Générations Futures ! L’occasion de dénoncer « une eau polluée » et de demander, « au nom du principe de précaution », l’interdiction de certains produits « soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens ». Mais aussi l’occasion de lancer une pétition « pour une eau du robinet garantie sans pesticides ». Bref, l’association tient exactement aujourd’hui le type de discours anxiogène qu’elle fustigeait l’an dernier. Et comme l’avait parfaitement prédit Élisabeth Chesnais, ça marche, puisque la plupart des médias ont repris quasiment mot pour mot le communiqué de presse de l’UFC-Que Choisir, « sans aucun recul et sans trop de vérification », pourrait-on même ajouter…
Pas l’ombre d’un mot, en revanche, ni dans la presse nationale, ni dans le magazine de l’UFC-Que Choisir, sur le dernier rapport annuel de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) concernant les résidus de pesticides dans l’alimentation, publié depuis le 7 avril 2021. L’Efsa a pourtant réalisé à cette occasion un travail titanesque. L’agence a en effet consolidé les résultats de 96 302 échantillons qui ont été analysés par les États membres de l’UE, l’Islande et la Norvège, pour y contrôler la présence de 799 pesticides et métabolites différents. Avec des résultats sans appel, puisque 96,1 % des échantillons testés se révèlent ainsi conformes aux limites maximales de résidus (LMR). Un taux qui se situe dans la moyenne par rapport aux années précédentes (95,5 % en 2018, 95,9 % en 2017, 96,2 % en 2016 et 97,2 % en 2015). En fin de compte, l’agence livre la conclusion que les produits alimentaires analysés « ne sont pas susceptibles de constituer un problème pour la santé des consommateurs ». Visiblement, ces résultats sont bien trop rassurants pour faire les gros titres des médias, qui semblent s’être unanimement soumis à la loi du silence…