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La réduction des pesticides passera par le progrès scientifique

Loin des grands sermons sur la réduction les pesticides, les entreprises innovent pour apporter des solutions réelles. Exemple avec un pulvérisateur de nouvelle génération, qui sera disponible dès l’année prochaine

Au moment où la Commission européenne rendait publique sa proposition de règlement sur l’usage des produits phyto avec l’objectif d’atteindre 50 % de réduction des pesticides « de leur utilisation et des risques qui y sont liés » à l’horizon 2030, le groupe allemand Amazone, spécialiste du machinisme agricole, en partenariat avec les sociétés allemandes Bosch et BASF Agro au travers d’une joint-venture signée en novembre 2020, présentait son pulvérisateur intelligent Smart Sprayer. Celui-ci constitue une « innovation de rupture » alliant le digital au machinisme, qui vise à permettre aux agriculteurs d’appliquer des doses d’herbicides de façon ultraciblée sur toutes les sortes d’adventices présentes dans leurs cultures. Sortir un prototype à peine deux ans après le lancement du projet représente une très belle performance, qui a pu voir le jour notamment grâce aux subventions accordées à la recherche (environ 4 % du coût total de la R&D) par la Commission européenne. Le savoir-faire de ces trois entreprises allemandes a fait le reste.

Réduction des pesticides de 70%

« Cette précision optimale permet de réduire jusqu’à 70 % les volumes d’herbicides sur des cultures en végétation et annonce une nouvelle ère pour l’agriculture : celle de l’agriculture 4.0 ! », se félicite Jean-Jacques Pons, directeur BASF France division Agro. C’est donc bien, une fois de plus, le progrès scientifique et technique qui, dans un futur proche, apportera, de façon autrement plus efficace que tous les grands discours idéologiques sur la nécessaire réduction des pesticides et les stratégies d’un retour à l’agriculture dignes de Martine à la ferme, les solutions adéquates aux agriculteurs pour qu’ils puissent produire dans un souci plus écologique sans pour cela perdre en productivité.

Un condensé de haute technologie

Ce condensé de haute technologie s’appuie en effet sur un kit d’équipements comprenant des caméras ultraperformantes combinées aux potentialités de l’Intelligence Artificielle. En l’occurrence, il s’agit de la solution digitale Xarvio® Filed Manager, qui permet d’optimiser les données grâce à l’utilisation d’un tout nouveau pulvérisateur de dernière génération, développé par Amazone, qui associe une extrême précision de ciblage des adventices au déclenchement très rapide de la buse de pulvérisation.

Les caméras multispectrales de haute résolution permettent ainsi d’identifier toutes les plantes vivantes présentes dans la parcelle. « Les processeurs gèrent les données des caméras, soit plus de 500 images par hectare et par caméra, enregistrées par l’unité de contrôle et ensuite transmises aux buses pour traitement ou pas. Le temps de réaction entre la prise de vue par la caméra et le spray est de 65 à 120 millisecondes lorsqu’on traite à la vitesse préconisée de 12 km/h », poursuit Jean-Jacques Pons.

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Ce système permet de traiter entre 100 000 et 1 000 000 de données par hectare, qui sont ensuite analysées par le logiciel de BASF Agro, Xarvio® Field Manager. Puis le résultat est délivré à l’agriculteur sous forme de cartes, qui lui permettent de connaître la pression en adventices, les zones pulvérisées tout comme les volumes réels appliqués, parcelle par parcelle.

« Cette précision optimale permet de réduire jusqu’à 70% les volumes d’herbicides et annonce une nouvelle ère pour l’agriculture : celle de l’agriculture 4.0 ! », se félicite Jean-Jacques Pons, directeur BASF France division Agro

L’engagement d’une société telle que BASF dans ce type de projets témoigne d’un virage stratégique majeur. Sans pour autant se séparer de sa division de produits phytosanitaires, l’entreprise allemande a opéré « un tournant important dans l’évolution de l’entreprise en écrivant au cœur de sa stratégie une feuille de route agroécologique à l’horizon 2030 », note ainsi Jean-Marc Petat, directeur Agriculture durable et Communication de BASF Agro. Selon Jean-Jacques Pons, « les essais menés par BASF Digital Farming en Allemagne en 2020 et 2021 ont permis de réaliser 68 % d’économie en moyenne, soit 37 euros/ ha en 2020, et 38 % en moyenne soit 21 euros/ha en 2021, sur le désherbage de champs de maïs en post-levée ». Et il précise : « Dans les champs de betteraves sucrières, cela s’élevait à 66% d’économie en moyenne, soit 164 euros/ha en 2020 et 65% d’éco- nomie en moyenne, soit 161 euros/ha en2021. »

Objectif : 20 % des pulvérisateurs à l’horizon 2030

En théorie, voici donc une excellente solution, qui s’inscrit pleinement dans les objectifs de réduction des pesticides fixés par la Commission européenne. Il reste cependant à savoir quelle part de marché cette innovation aura réussi à conquérir d’ici 2030, sachant qu’un agriculteur change de pulvérisateur en moyenne tous les dix ans, et que ce type de modèle coûte le double du prix d’un pulvérisateur classique. Le retour sur investissement – sur trois ans – n’étant au rendez-vous qu’à partir de 2 000 ha de surfaces désherbées, ce type de matériel, actuellement adapté aux cultures de maïs et de betteraves, s’adresse, en France, exclusivement aux Cuma et aux prestataires de services.

« Il est raisonnable de penser qu’à l’horizon 2030, 20 % des pulvérisateurs seront des pulvérisateurs intelligents Smart Sprayer et qu’en couvrant environ 40 % de toutes les surfaces de grandes cultures (maïs, betterave, tournesol, colza, soja et céréales), ils permettront une diminution de 20 % de l’usage total des herbicides », estime pour sa part Daniel Ebersold, responsable du développement de l’intelligence agronomique pour les équipements Smart chez BASF Digital Farming.

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