AccueilEditoSortir de la tyrannie de la transition

Sortir de la tyrannie de la transition

Parmi la série des mots  magiques à la mode, figure aujourd’hui celui de « transition ». Accompagné  d’un adjectif – écologique, énergétique, agronomique, climatique, équitable –, celui-ci est désormais devenu incontournable dans les communiqués de presse distillés par les cabinets de com’. À tort et à travers, tout le monde en use et en abuse, comme ce fut déjà le cas avec l’expression «  développement durable  », élément de langage également partagé par le monde écologique et celui de l’industrie, à partir de 1992, date à laquelle se tint, à Rio, le fameux Sommet de la Terre. 

Véritable sésame ouvrant toutes les portes, la simple évocation du terme «  transition  » permettrait de capter l’attention du gouvernement, comme le reconnaît dans un sourire un responsable syndical familier des couloirs du pouvoir. Cette « tyrannie de la transition » s’est tellement bien installée que ne pas évoquer le terme paraît désormais tout à fait impossible. Chacun pourra y verser le contenu qu’il voudra, l’essentiel est d’en faire usage !
Le seul hic, c’est que le mot renvoie à un narratif écologique d’un monde particulier, un monde empreint de sobriété, d’interdits et de privations, n’intéressant pas grand monde en dehors d’une élite de penseurs qui n’ont pas de problème avec leurs fins de mois. Ses premières victimes appartiennent à cette jeunesse qui, privée d’un horizon heureux, se retrouve obsédée par une dangereuse angoisse. Privilégiée de la mondialisation, cette élite vit pourtant dans l’abondance d’un confort, fruit de cette économie productive qu’elle fustige et qu’elle met en danger.

Or, le tsunami économique qui pointe à l’horizon, avec l’imminence d’une crise énergétique d’une ampleur jamais connue en France – que les pouvoirs publics préparent en engageant à se munir de bougies ! –, sonne la fin de la partie. En se focalisant sur le seul narratif de la transition, on passe à côté de ce qui préoccupe désormais une majorité de citoyens, bien plus inquiète sur les conditions économiques et sociales auxquelles elle doit faire face. L’inflation en général, et celle des prix alimentaires en particulier, rebattent ainsi les cartes, comme en témoigne déjà la crise qui touche désormais la filière de l’agriculture bio. Cela explique aussi la résurgence de la question de la souveraineté alimentaire et le besoin de renforcer la compétitivité de tous les secteurs agricoles. 

Ainsi, lors de l’assemblée générale de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop), le sénateur Laurent Duplomb a insisté sur la nécessité d’un « choc de compétitivité  ». Une demande conforme aux souhaits du monde agricole, qui est, bien évidemment, prêt à relever ce défi, autrement plus indispensable que la soumission aux diktats ridicules de l’écologie politique, dont le marqueur est précisément… le terme de transition.

Webinaire
Agriculture et Environnement

Droit de l’environnement :
un nouveau défi pour le monde agricole
JEUDI 14 DÉCEMBRE

Pour aller plus loin :
Derniers articles :

Dans la même rubrique

Édito — Ce très mauvais indicateur d’Écophyto 2030

Le rejet qu’a fait le Parlement européen de la proposition controversée de la Commission au sujet du règlement sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques...

newsletter

Recevez régulièrement notre newsletter