Dissolution de l’Assemblée nationale oblige, tout le travail parlementaire accompli autour de la loi d’orientation agricole (LOA), certes incomplète et qui aurait largement pu être améliorée lors de son passage au Sénat, a été mis en pause. De même, les sujets qui devaient compléter cette LOA – à savoir les moyens de lutter concrètement contre les nombreuses distorsions de concurrence que subit le monde agricole, ou encore la nécessaire révision de la loi sur la séparation du conseil et de la vente, pour ne prendre que ces deux exemples –, vont dépendre de l’agenda politique et de la bonne volonté du futur gouvernement. « Rien n’est réglé dans le secteur agricole depuis le coup de chaud de janvier dernier, lorsque des milliers de tracteurs avaient sillonné les routes de France aux mains de producteurs mécontents », écrit avec raison le quotidien La Croix.
Le sentiment largement partagé dans les campagnes est donc la déception. La déception de constater que les questions agricoles, qui faisaient pourtant la une des médias lors des manifestations du début de l’année, semblent être absentes des préoccupations des Français. Mais surtout, la déception de constater que, sur de nombreux sujets, les engagements du gouvernement n’ont pas été respectés. C’est notamment le cas pour les financements et les prêts, qui devaient bénéficier du cautionnement de la Banque publique d’investissement, tout comme pour la promesse d’avoir un contrôle unique dans les exploitations, dont le décret d’application n’est toujours pas publié. « On sent bien qu’au ministère, ils se disent qu’on va faire patienter les agriculteurs, et qu’ils se débrouilleront avec le prochain gouvernement », note avec une amertume certaine Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.
Et comme rien n’assure que le nouveau gouvernement reprendra à son compte les mesures structurelles proposées dans la LOA mise en stand-by, la FNSEA, accompagnée des JA, a préféré élaboré un nouveau projet contenant 39 articles articulés autour de six thèmes, intitulé « loi Entreprendre en agriculture » et dont les grandes lignes ont été présentées lors d’une conférence de presse le 29 août.
« Le texte étant désormais sur la table, nous encourageons le prochain gouvernement et les députés à s’en saisir pour rapidement l’adopter », a déclaré Arnaud Rousseau, « faute de quoi, nos décideurs politiques porteront la responsabilité d’une colère agricole qui pourrait exploser d’ici la fin de l’année ». Un avertissement à prendre très au sérieux au regard des difficultés majeures qui se sont accumulées ces dernières années dans ce secteur pourtant vital à notre économie.