Alors que les alertes des grands patrons de différents secteurs de l’économie française se succèdent – dont celle du PDG de Michelin Florent Menegaux dénonçant « le cauchemar et la complexité administrative » dus à une « réglementation créative », largement diffusée sur les réseaux sociaux –, le Sénat a adopté dans la soirée du 27 janvier la proposition de loi portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI) qui a pour objectif de redonner de la compétitivité à la Ferme France.
« C’est le fruit de sept ans d’un travail intense, qui répond aux attentes de nos filières et qui pose la première pierre pour restaurer notre agriculture », se félicite Laurent Duplomb, un grand sourire aux lèvres. « C’est aussi la preuve qu’on peut revenir sur des décisions qui se sont avérées contre-productives pour notre Nation », enchaîne Franck Menonville. Et ils n’ont pas tort.
Certes, le texte final n’est pas celui initialement proposé, lui-même au demeurant très modéré au regard de tout ce qu’il conviendrait de mettre en place pour sortir l’agriculture des contraintes imposées par l’écologie décroissante et punitive. Notamment sur la question des produits phyto-sanitaires, sur le rôle et le périmètre de responsabilité de l’Anses, et d’ailleurs plus généralement sur le plan Écophyto.
Cela dit, la version finale du texte, qui a, évidemment, fait l’objet d’un arbitrage de Matignon bien avant la soirée du vote, adresse un signal fort au monde agricole. En effet, pour une fois, c’est la production agricole qui a été privilégiée face aux prédications d’un ministère de l’Écologie, encore enfermé dans ses dogmes de décroissance agricole. Un message visiblement entendu comme en témoignent les réactions des principales filières céréalières.
En outre, en donnant un « avis de sagesse » à ce texte et en acceptant qu’il suive une procédure accélérée, le gouvernement apporte de facto un soutien implicite à cette proposition de loi, qui doit désormais être débattue à l’Assemblée nationale. Et bien qu’on ne puisse attendre aucun soutien de la part de la gauche de l’hémicycle, pas très au fait des réalités économiques, ce texte garde néanmoins toutes ses chances d’être adopté, même si, entre les réticences de certains élus des formations proches du gouvernement mais qui n’arrivent pas à rompre avec les logiciels du passé, et une possible surenchère des députés du RN soucieux de leur ancrage dans les territoires et donc très attentifs au vote rural, les débats risquent fort d’être animés.