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« Il est indispensable de libérer la science de l’écologisme », selon Jean-Paul Oury

Dans son dernier ouvrage, De Gaïa à l’IA – Pour une science libérée de l’écologisme, Jean-Paul Oury renvoie dos à dos les idéologues de l’écologisme et les adeptes du tout-technologique, pour ensuite proposer son manifeste pour la science

Avec De Gaïa à l’IA – Pour une science libérée de l’écologisme (VA Éditions), Jean-Paul Oury signe un nouveau volet de sa série « Greta vs Einstein », qui se suffit à lui-même.

En introduction, l’auteur décrit cinq nuances de vert, à savoir le « vert-de-gris » (les nazis et l’écologie), le « vert soutane » (l’idéologie religieuse de l’écologie), le « vert pastèque » (l’écologie politique), le vert kaki (les ONG) et enfin le « vert dollar » (le marketing de l’écologie). Ce quintette de nuances aurait pour projet « de déconstruire un monde qui s’est développé – de manière plus ou moins consciente – à un rythme affolant, telle une machine hors de contrôle ». Bref, son objectif ultime serait de terrasser « le démon technologique ». « L’écologie est donc ce mouvement qui fait tout pour reprendre le contrôle d’une technologie qui – selon lui – dépasse de plus en plus les bornes de la mission qu’on lui avait confiée », poursuit l’auteur.

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Face à l’écologisme, Jean-Paul Oury décrit un mouvement tout aussi critiquable, qui aurait « une foi aveugle dans le tout-technologique » : le courant transhumaniste, qui souhaite imposer « une société où la technologie aurait totalement pris le contrôle de nos vies ». « Nous voici face à un choix qui n’est pas sans nous rappeler une célèbre scène du film Matrix, dans laquelle Morpheus propose à Neo de choisir entre une pilule bleue et une autre rouge », résume-t-il. L’auteur renvoie dos à dos ces deux dystopies antagonistes que sont, d’un côté, la « Collapsocratie », « un régime qui privilégie toutes les mesures qui précipitent l’effondrement de la société moderne », et de l’autre, l’« Algorithmocratie », qui aboutirait à « supprimer absolument toute forme de liberté en condamnant l’humanité à errer dans des labyrinthes d’une mécanique qui déterminerait chacun de ses mouvements ».

Et il propose, dans son « Manifeste pour une politique scientifique alternative », une troisième voie. Celle-ci se mesure à l’aune « de la valeur la plus élevée », à savoir « la libre responsabilité » : « À chaque fois qu’il sera confronté à une alternative de politique scientifique, le décideur devra se demander : “Comment puis-je agir étant donné les circonstances pour maximiser à la fois la liberté et la responsabilité des citoyens ?” »

Et l’auteur de préciser : « Il s’agit donc d’éprouver notre libre responsabilité en recherchant les limites de notre action lorsque nous modifions la nature ou nous adaptons à elle ; mais également, il nous faut être capables de nous restreindre dans cette entreprise quand cela est nécessaire.»

L’ultime objectif de l’écologie serait de terrasser « le démon technologique », explique Jean-Paul Oury

Un objectif louable que l’on ne peut que partager, en y ajoutant toutefois deux bémols. D’une part, il est dommage qu’Oury n’ait pas davantage insisté sur le credo de l’écologisme, quelle que soit sa nuance de vert : le mythe de l’existence d’un équilibre originel de la nature à préserver du pouvoir technologique de l’homme, de cette fameuse « science prométhéenne », pour reprendre les termes de l’auteur. L’écologisme s’oppose non pas à la science en général, mais plutôt à la techno-science, c’est-à-dire aux techniques qui impactent ce prétendu équilibre originel, auquel les écologistes se raccrochent. L’écologie réfute l’idée que l’univers lui-même est par essence dynamique, que le statu quo n’existe nulle part, et que, par conséquent, aucun « retour en arrière » n’est possible ni souhaitable.

D’autre part, on peut s’interroger sur la capacité réelle des décideurs politiques de distinguer les bonnes des mauvaises innovations technologiques, comme le suppose l’auteur. Ils peuvent, au mieux, en limiter les usages, sachant qu’il y aura toujours, à terme, un prix à payer. Car c’est indéniablement parce que l’Union européenne, tout comme la France, écoute les sirènes de l’écologie politique, préférant restaurer la nature qu’investir massivement dans le progrès scientifique, qu’elle se trouve aujourd’hui considérablement affaiblie face aux autres grandes puissances du monde. Le cas de l’industrie allemande, qui subit le choix politique de l’abandon de l’énergie nucléaire au profit du gaz et des énergies alternatives, en offre un excellent exemple. Et on pourrait également citer le cas de l’agriculture française…

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