AccueilEditoPPL Duplomb-Menonville : les dangereuses réticences

PPL Duplomb-Menonville : les dangereuses réticences

Après l’adoption de la loi d’orientation agricole par le Parlement, il eût été logique que, dans la foulée, la proposition de loi dite « PPL Duplomb-Menonville », visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, rassemble une majorité de députés. Quoique le monde agricole ne puisse pas compter sur les élus issus de la gauche parlementaire, toujours prisonniers de leur logiciel écolo-décroissant, on aurait pu penser, en effet, qu’un nombre suffisant de députés plus pragmatiques s’associeraient à ce texte, désormais porté par le gouvernement. Mais, pour l’instant, rien de tel ne s’observe, principalement en raison de réticences de la part d’une minorité au sein du MoDem, d’Horizons et d’Ensemble pour la République.

« Ce texte est une véritable bombe TNT. Il pourrait faire complètement péter le socle commun », assure un député macroniste qui a préféré garder l’anonymat. « En 2020, on nous a presque forcés à voter l’interdiction des néonicotinoïdes, et là, on va nous forcer à revenir dessus ? », déplore-t-il, bien conscient que si cette proposition de loi n’est pas votée, « cela va envoyer un message catastrophique aux agriculteurs, qui vont penser que les élus ne sont pas avec eux ».

Il a entièrement raison car, soyons clair, contrairement à ce que laissent entendre les agitations des écologistes, ce texte n’a vraiment rien de révolutionnaire, alors qu’il apporte aux agriculteurs des réponses essentielles pour certaines filières dont l’existence même est menacée. L’article 2, qui est principalement à l’origine de cette obstruction, concerne la possibilité de réintroduire temporairement l’usage de certains insecticides de la famille des néonicotinoïdes ou présentant des modes d’action identiques, ainsi que l’instauration d’un principe de priorisation dans le travail de l’Anses, afin que l’agence prenne en compte dans son agenda les demandes légitimes des agriculteurs. En aucune façon, contrairement aux affirmations erronées du député LFI Loïc Prud’homme, ni le travail de l’Anses ni ses prérogatives ne sont ainsi remis en cause, l’agence gardant toujours la main sur les décisions concernant les AMM.

De même, pour la réintroduction temporaire de certains pesticides, il s’agit dans tous les cas de molécules qui sont autorisées dans l’UE, et dont tous les pays, hormis la France, considèrent que l’usage encadré ne pose pas de problème suffisant pour l’environnement ou la santé pour justifier une interdiction. L’entêtement hostile de l’ancien ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, et de certains de leurs confrères au sein de la majorité, n’est donc en rien le fruit d’une réflexion scientifique. Il semble davantage motivé par des considérations politiciennes, avec des conséquences déplorables sur notre agriculture.

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