Les réactions forcenées de l’écologiste Delphine Batho et de la LFIste Aurélie Trouvé montrent la portée historique de l’adoption par l’Assemblée nationale ce mardi 8 juillet 2025 de la proposition de loi dite Duplomb-Menonville, visant à lever les contraintes au métier d’agriculteur. « Ce 8 juillet fera date pour la profession agricole », a immédiatement réagi Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.
Il a raison. D’abord, parce que ce vote a été massif. Sur 564 votants, 316 se sont prononcés en faveur du texte, finalement assez fidèle à celui voté au Sénat. Ce qui représente bien plus que la majorité des députés d’une assemblée particulièrement compliquée. Ensuite, parce qu’il montre que l’audace et la persévérance payent. En l’occurrence, celles d’un sénateur, qui a su manœuvrer avec une grande finesse, ne craignant ni les invectives ni les intimidations. « Je ne fais pas cela pour plaire mais parce que c’est indispensable », m’avait ainsi confié en privé le sénateur Laurent Duplomb, qui a, dès le départ, associé son collègue UDI Franck Menonville à son projet.
Ensemble, ils ont su gagner le vote du Sénat le 27 janvier 2025. Cependant, il restait au texte à franchir encore deux obstacles considérables. Le premier était de convaincre le gouvernement d’inscrire le texte à l’agenda de l’Assemblée nationale alors qu’il suscitait une forte défiance, y compris au sein du gouvernement. Il a donc fallu compter sur la ténacité de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, restée fidèle à son engagement de défendre une agriculture de production. Le second était de trouver une majorité de députés prêts à voter pour l’un des projets de loi les plus sensibles de ces dernières années. Nombreux sont ceux qui ont œuvré pour trouver l’indispensable compromis – et cela, pas nécessairement devant les caméras – afin de pouvoir présenter un texte adoptable au Parlement. Marc Fesneau et Éric Martineau, pour le MoDem, en font partie, tout comme Gabriel Attal et Jean-Luc Fugit, pour le groupe Ensemble pour la République, de même que le député républicain Julien Dive, qui a porté le texte lors de sa phase la plus difficile, en faisant face aux pires insultes et menaces. Enfin, rien de tout cela n’aurait pu aboutir sans le vote favorable des députés RN, dont on ne peut que saluer la participation. En revanche, que dire de la posture impuissante du PS, et en particulier de Dominique Potier, pris dans le piège de cette gauche radicale et décroissante ?
Il n’en reste pas moins qu’on mesure finalement le chemin parcouru depuis l’époque du Grenelle de l’environnement, où la droite s’était accordée avec la gauche pour voter loi après loi sans se soucier des implications désastreuses sur notre agriculture, au motif qu’il fallait à tout prix plaire au vote écolo-citadin.