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La faute aux médias ?

C’était prévisible ! Avec le développement de l’épizootie de grippe aviaire, les consommateurs ont commencé à bouder la volaille, dont les ventes ont chuté de plus de 30% depuis le 15 octobre. Pour Michel Collonge, éditorialiste de La France Agricole, la faute incombe à la « pandémie médiatique avec tous ses ingrédients : la peur, la dramatisation, l’amalgame, la sinistrose, le sensationnel…».

Pourtant, en dehors de quelques titres à sensation du genre “La pandémie menace l’humanité”, la presse écrite n’a pas vraiment donné dans la surenchère de la peur. Ici et là, on a même pu trouver quelques articles assez objectifs, voire informatifs, y compris dans le quotidien Libération, d’ordinaire toujours prêt à jeter de l’huile sur le feu des paniques agricoles. Cette fois, le journal a mis en garde contre « cette surmédiatisation, [qui] n’est pas sans danger », tout en rappelant que l’on ne peut pas « à la fois exiger une application exemplaire du principe de précaution et accuser l’Union et les Etats d’en faire trop ».

En revanche, on ne peut que déplorer que les dxrigeants agricoles français n’aient pas saisi l’occasion pour s’engager dans une vaste campagne de communication sur les acquis de notre agriculture : sécurité sanitaire, production de qualité, traçabilité des aliments. Le moment n’était-il pas propice pour rappeler le bien-fondé des subventions agricoles, de la préférence communautaire, des restrictions douanières, bref, de cette PAC pourtant si contestée, que Peter Mandelson et Tony Blair sont prêts à abandonner pour satisfaire l’industrie des services ? Or, les Britanniques eux-mêmes ont été les premiers à demander la fermeture des frontières pour l’importation des oiseaux sauvages, suite à la mort d’un perroquet placé en quarantaine à Londres avec un contingent d’oiseaux arrivés de Thaïlande et infectés par le redoutable virus H5N1

Enfin, on regrettera le manque total de réactivité de la part des responsables de la filière volailles, qui ont toujours axé leur communication sur la seule idée que la qualité des volailles est indissociable de l’élevage en plein air. Maintenant que le gouvernement exige de rentrer poules et poulets aux poulaillers, les voilà bien dépourvus ! Pourtant, alors que plus de 80% des consommateurs estiment ne pas être suffisamment informés (selon un sondage réalisé par IPSOS ), ces responsables ne devraient-ils pas saisir cette opportunité pour leur apporter des réponses ? Les consommateurs veulent comprendre et demandent des explications qui portent non seulement sur la grippe aviaire, mais aussi sur les méthodes de production, les contrôles de qualité et la filière de distribution. Les rassurer, c’est avant tout les considérer comme des citoyens capables de comprendre, et donc de juger. Le pire étant toujours de ne rien dire…

 

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