Ainsi, dans le rapport national 2007 Conservation et gestion de l’ours brun en Slovénie, rédigé par le ministère slovène de l’Ecologie ( The brown bear conservation and management in Slovenia, Ministry of the Environment and Spatial Planning, avril 2007.) , il est clairement indiqué que « les cas de dommages causés par les ours, et le nombre de conflits avec les humains augmentent. […] Ces cinq dernières années, plusieurs incidents sérieux ont été enregistrés concernant des attaques d’ours sur des personnes, suivies de graves blessures. » Ces incidents ont conduit les autorités slovènes à transférer les ours dans des zones isolées.
Lors de son procès, qui a débuté le 12 mars 2008, René Marquèze, accusé d’avoir abattu l’ourse Cannelle, va devoir convaincre qu’un ours – même de souche pyrénéenne – n’est pas un animal inoffensif. Loin d’être préméditée, la mort de Cannelle résulte d’une malencontreuse rencontre entre un chasseur – qui plaide la légitime défense – et un redoutable carnivore. Son cousin slovène, qui se nourrit de carcasses d’animaux – et dont la branche a été choisie par le ministère de l’Environnement pour repeupler les Pyrénées –, n’est pas moins dangereux. D’ailleurs, la presse slovène fait régulièrement état des incidents de plus en plus nombreux qui surviennent entre la population et ce plantigrade tel point que les autorités admettent ouvertement vouloir se débarrasser des ours à problème.
Cependant, cette stratégie n’a pas été efficace, explique le rapport : « Dans le cas spécifique des conflits [avec les populations] en zone rurale, des ours ont été enlevés au milieu concerné et transférés dans des zones éloignées et isolées. Mais en Slovénie, les distances sont relativement courtes, et la distance moyenne parcourue par un ours est supérieure à 80 km. Au bout de quelques jours, les animaux reviennent alors dans leur zone d’origine, ce qui montre bien l’inefficacité de cette mesure. Il nous intéresse beaucoup de transférer ces ours dans quelques-uns des pays qui ont foi en la population d’ours slovènes. »
Ce document – qui dévoile les raisons qui ont présidé en Slovénie au choix des différents ours « à transférer » vers la France – est d’un intérêt tout particulier puisque depuis 1996, la Slovénie est devenue notre « fournisseur officiel » d’ours bruns. Pourtant, un rapport rédigé en 1998 suite à un voyage d’étude effectué par un collège d’élus, de valléens et de personnalités qualifiées du Béarn, avait fortement conseillé aux autorités françaises de choisir un ours d’origine croate, et non slovène. Cette recommandation n’avait pas été prise en compte en 2005, le ministère de l’Environnement (MED) de l’époque ayant préféré s’aligner sur la proposition de l’association écologiste Ferus, dont le vice-président, Gilbert Simon, est un ancien directeur de la nature et des paysages du MED.
Voir aussi :
La curieuse gestion du «Dossier Ours», Agriculture & Environnement N°53, novembre 2007