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Mondialisation et risques sanitaires

Pendant que les responsables politiques s’agitaient au sujet d’hypothétiques contaminations futures par les OGM, l’Assemblée nationale a hébergé le 28 avril 2008 une journée internationale d’étude sur la mondialisation et les risques sanitaires émergents – qui eux sont bien réels. Occasion pour le Dr Bernard Vallat, directeur de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), de rappeler que « rien qu’en Asie, la fièvre aphteuse a coûté environ 3,2 milliards de dollars, et la grippe aviaire environ un milliard ». Or, la fluidification des échanges – dont le trafic illégal – et les moyens de communication modernes, combinés à l’évolution de la population, accroissent le risque d’apparition de nouvelles épidémies partout dans le monde. Aujourd’hui, aucun pays n’est à l’abri car la mondialisation est devenue une source importante de propagation de pathogènes (bactéries, virus, parasites, protéines prions pathologiques, etc.). C’est ce dont témoigne l’extension rapide de l’épizootie de fièvre catarrhale (FCO) dans le nord de l’Europe.Probablement introduit à l’occasion d’un concours équestre international en 2006, le virus de sérotype 8 de la FCO s’est depuis lors propagé en France, dans le nord de l’Italie, à la frontière de la Pologne et dans le sud du Royaume-Uni.

« S’il faut considérer les épidémies comme des catastrophes naturelles, il est aussi possible de les anticiper et de s’y préparer », tient cependant à souligner Didier Houssin, directeur général au ministère de la Santé. Dans ce domaine, il n’y a en effet aucune raison d’être fataliste. « Une crise sanitaire se prépare très en amont, par la coopération de tous les acteurs », précise Bernard Vallat. Il faut donc d’abord et avant tout assurer la sécurité sanitaire des pays en développement, notamment en réduisant leur pauvreté mais aussi en mettant en place un véritable dispositif de surveillance vétérinaire et d’alerte, qui permette des échanges d’informations. Enfin, il faut investir dans la recherche pour élaborer des solutions d’avenir, ce que permet en particulier le génie biomoléculaire. Ainsi, il est urgent de mettre au point des vaccins issus de la recombinaison génétique qui soient capables de différencier les animaux vaccinés de ceux atteints par le virus. L’usage de ces vaccins permettra dans un futur proche de mieux sécuriser les échanges commerciaux et donc d’éviter toute mesure de protectionnisme abusif.

Grâce à la coopération des différents acteurs – pouvoirs publics, éleveurs, vétérinaires, etc. – et à une coordination européenne exemplaire, la gestion de la crise de la fièvre catarrhale a été jusqu’à présent irréprochable. Il est donc étonnant que sur un dossier aussi sensible que celui des mortalités d’abeilles – dont l’extension mondiale n’est plus à prouver –, la Direction générale de l’alimentation ait décidé unilatéralement d’abroger l’arrêté qui suspendait « l’introduction en France d’abeilles, de ruches, de lots de reines avec ou sans accompagnatrices et de matériels apicoles, originaires de pays tiers ». Au moment même où les chercheurs du monde entier mettent en évidence la circulation intercontinentale de plusieurs pathogènes de l’abeille, cause importante des mortalités, la France décide d’ouvrir grand ses frontières ! Le futur Conseil scientifique prospectif chargé d’anticiper les risques sanitaires, proposé par Michel Barnier, ferait bien de réexaminer au plus vite cette décision…

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