Nicolas Sarkozy souhaitait obtenir la nomination d’un villieriste, Bruno Retailleau, pour remplacer Eric Besson au poste de secrétaire d’Etat à l’Economie numérique. Ce qui aurait permis de faire une OPA sur le mouvement de Philippe de Villiers. « C’est une manœuvre de débauchage pour me nuire ! », a d’ailleurs déclaré au Figaro le président du Mouvement pour la France qui, officiellement, aurait ensuite curieusement conseillé à son fils spirituel d’accepter d’entrer au gouvernement. Pourtant, Bruno Retailleau a finalement décliné l’offre de service. Certains observateurs croient savoir que derrière ce refus se cache bien le vicomte de Vendée, qui préfère que son mouvement se démarque du président de la République, à quelques mois des élections européennes. Mieux encore, après la déroute du Front national, pris dans une guerre fratricide, Philippe de Villiers se voit bien être le seul recours possible pour une droite déçue par la politique du gouvernement lors de prochaines échéances électorales nationales. Une trop forte proximité avec l’Elysée nuirait ainsi à ses projets.
Le désistement de dernière minute de Bruno Retailleau a donc provoqué une mini-crise au sein de l’Elysée, forcé d’activer son plan B, c’est-à-dire de proposer le poste à Nathalie Kosciusko-Morizet. D’une part, NKM avait clairement fait savoir que – carrière politique oblige –, elle désirait occuper un autre ministère afin d’élargir ses domaines de compétence. D’autre part, les différentes maladresses successives du ministère de l’Ecologie – en particulier sur le dossier sensible des OGM – ont affaibli sa notoriété chez un nombre considérable d’élus de l’UMP, qui estiment qu’un poste plus discret ne serait pas plus mal pour cette « figure montante » du parti. Bref, une nomination en forme de neutralisation… qui permet à Nicolas Sarkozy de se montrer à l’écoute de sa base parlementaire.