Finalement, ce n’est pas une plainte pour dénigrement, mais un recours administratif que la nouvelle association « Pour l’honneur du vin » a déposé le 13 mars 2009. Elle compte ainsi obtenir « la rectification des informations erronées contenues dans la brochure “Nutrition et prévention des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations”, avant qu’elle soit adressé aux professionnels de santé ». Son président, Jean-Charles Tastavy, également président des Vignerons indépendants de l’Hérault, déplore que « le lancement médiatisé de la brochure du ministère de la Santé, qui déconseille la moindre consommation de vin pour éviter tout risque de cancer, a eu lieu sans que ne soit consulté le Conseil de Modération et de Prévention, contrairement à ce que prévoient les textes lorsqu’il s’agit d’une campagne de communication publique ». Or, depuis sa publication, « de très nombreux scientifiques parmi les plus reconnus ont exprimé leur réserve, voire leur indignation », poursuit Jean-Charles Tastavy, qui annonce également l’ouverture d’un blog (Honneurduvin.com). « Nous avons décidé de lancer une campagne d’adhésion afin d’obtenir les moyens financiers pour mener un combat en défense des produits de la vigne », explique ce responsable professionnel, également membre du Conseil de modération. Ce conseil a été saisi afin qu’il se prononce sur la brochure du ministère de la Santé lors de sa prochaine réunion, prévue dans un mois.
« Ce recours n’est qu’une première étape », poursuit le viticulteur Jean Clavel, auteur de nombreux ouvrages sur la vigne, et également à l’initiative du blog. « Les réactions dans toutes les régions viticoles de France sont vives. Les viticulteurs n’admettent pas que le ministère de la Santé dénigre ainsi leur produit ». Il souhaite que la Direction générale de la Santé indique également les effets bénéfiques qu’apporte une consommation modérée de vin. « Dans le cadre d’un colloque organisé par l’Association nationale pour la recherche et l’Inra, le 11 mars dernier, le Dr Dominique Lanzmann-Petithory a présenté des résultats très intéressants concernant le suivi de la mortalité de 100.000 patients examinés entre 1978 et 1985 à Nancy », indique le viticulteur. Selon le résumé de l’étude, qui n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique, les auteurs tentent de « clarifier les relations entre la mortalité par cancer et la consommation de différents types de boissons alcoolisées ». Le Dr Lanzmann-Petithory rappelle que le vin, « contrairement aux autres boissons alcoolisées courantes, est le mélange d’une substance à effets délétères, l’alcool, et de substances à effets bénéfiques provenant du jus de raisin, avec une extraction supplémentaire de polyphénols au cours de la macération des peaux et des pépins. Alors que la consommation d’alcool est clairement un facteur de risque de cancer, les fruits entrent dans la catégorie des aliments qui protègent contre différents cancers à des degrés divers de niveaux de preuve (probable ou évocateur) ».
Reste à savoir comment les responsables nationaux de la filière réagiront à l’initiative de la nouvelle association. Une question d’autant plus ouverte que jusqu’à présent, leur stratégie a essentiellement constitué à ne pas répondre systématiquement aux attaques dont le vin fait l’objet.