« Malgré un repli, estimé à environ 35 millions de tonnes par rapport à la campagne 2008-2009, la production mondiale de blé pour la campagne 2009-10 pourrait être la deuxième meilleure récolte de tous les temps (652 Mt) », a déclaré Christian Vanier lors de la conférence mensuelle de FranceAgriMer, mercredi 10 juin. Or, les cours mondiaux présentent actuellement une « physionomie atypique », caractérisée par « une certaine nervosité du marché », indique la note de synthèse mensuelle de FranceAgriMer. « Bien que les prix soient clairement orientés à la hausse depuis le début du mois de mai, nous assistons à de fortes amplitudes sur le cours du blé », confirme pour sa part Michel Ferret, chef du service Marchés et Etudes de l’établissement public. Cette nervosité provient essentiellement de l’actualité météorologique, principal facteur d’incertitudes, qui pourrait bien mettre à mal les prévisions optimistes des analystes, explique Christian Vanier.
En effet, des conditions climatiques défavorables dans certaines régions d’Amérique du Nord et du Sud ont déjà occasionné des perturbations dans le déroulement des semis et le développement végétatif des blés, alors que la production de blé d’hiver devrait chuter de près de 20 % aux Etats-Unis par rapport à l’année dernière. « Sur la base d’un repli de 7 % des surfaces et de rendements moyens, la récolte de blé d’hiver est estimée par l’USDA à 40,9 Mt contre un record de 50,8 Mt l’an dernier », indique la note de synthèse. Une tendance que l’on retrouve pour les blés de printemps. Au total la récolte américaine ressortirait à 56 Mt contre 68 Mt en 2008. En outre, dans le sud et l’est de l’Europe et en Argentine, la sécheresse a déjà occasionné des pertes considérables : en Roumanie, c’est un million d’hectare sur sept qui a été touché avec environ 600.000 ha sinistrés à plus de 50 %, alors qu’en Argentine on constate un recul de 30 % des ensemencements en blé (3,2 Mha contre 4,2 Mha). « La production mondiale pourrait être inférieure aux prévisions actuelles, car selon le Centre de prévision du climat (CPC), les conditions sont favorables pour un retour du phénomène El Niño, dont les effets dévastateurs pourraient affecter les récoltes de l’hémisphère sud », met en garde Michel Ferret.
Face à ces incertitudes, la demande reste pourtant ferme. Selon les chiffres rendus public le même jour par le département américain de l’agriculture (USDA), la demande totale des céréales poursuit sa croissance (+1,4 %) pour atteindre 1732,8 Mt, dépassant à nouveau le niveau de production estimé à 1730,5 Mt. Bien que le niveau actuel des stocks soit suffisant pour répondre à ce très léger déficit, on peut se demander si « le retour de certains investisseurs sur les marchés des céréales » qu’observe Michel Ferret, ne présage pas d’une nouvelle tempête sur les cours des matières premières agricoles ?