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Affaire Séralini, quelles suites ?

 Deux quotidiens nationaux ont réagi à la publication de notre enquête sur les liens d’intérêt entre le Pr Séralini, la société Sevene Pharma et l’association Invitation à la Vie, un mouvement classé par la Commission d’enquête parlementaire sur les sectes dans la catégorie «secte guérisseuse pseudo-catholique» en 1995 et 1999.

Premier en date, Le Figaro s’est appuyé sur nos révélations pour continuer l’investigation. Il confirme que le laboratoire du Pr Séralini à Caen a bien perçu plusieurs rémunérations de la part de Sevene Pharma, en particulier pour des «conférences auprès de professionnels de la santé». Le quotidien ajoute que Gilles- Éric Séralini «ignorait les liens entre cette société et IVI», dont il a avoué découvrir l’existence. «Le Pr Séralini aurait-il servi à son insu de caution scientifique à un mouvement à la réputation sulfureuse ?», s’interroge Marc Mennessier, l’auteur de l’article.

Paru dans Le Monde sous la plume de Stéphane Foucart, le deuxième article n’a en revanche pas vraiment prolongé l’enquête. Le journaliste a préféré consacrer la moitié de son texte au fonctionnement… d’Agriculture & Environnement, source de ces «étranges accusations». À lire Stéphane Foucart, on suppose que les liaisons entre Sevene Pharma et IVI se réduisent à une banale affaire «privée» centrée autour de Daniel Chauvin, qui est à la fois président d’IVI et président du directoire de Sevene Pharma. Contrairement aux lecteurs du Figaro, ceux du Monde ne seront donc pas informés du fait que d’autres responsables d’IVI sont actionnaires de la petite société cévenole. Notamment son actuelle vice-présidente, Maud André-Vilgrain, son ancien président, Georges Dulaurans, ou encore Marie d’ Hennezel, propriétaire du Domaine de Mazet, où se situe le laboratoire de Sevene Pharma. De même, ils n’auront pas accès au «détail supplémentaire» signalé par le quotidien, à savoir que «la direction commerciale et marketing de Sevene Pharma est basée au siège d’IVI, à Boulogne-Billancourt». Enfin, ils ignoreront tout de la Fondation Denis Guichard, présidée par Anne de Constantin, qui figure elle aussi parmi les actionnaires de Sevene Pharma et a préfacé un livre d’Yvonne Trubert, la fondatrice d’IVI. Or, depuis 2005, cette fondation a participé au financement de non moins de onze études du CRIIGEN, dont le Pr Séralini préside le conseil scientifique. Pour l’instant, aucun des éléments révélés dans l’enquête d’A&E n’a été infirmé. Bien entendu, la rédaction ne se livre nullement à des «attaques personnelles» contre M.Séralini, qui a effectivement pu agir en toute ignorance de cause. Grâce à A&E, le chercheur de Caen connaît désormais les liens patents et multiples qui unissent le mouvement Invitation à la Vie à Sevene Pharma. À lui d’en tirer les conclusions qui s’imposent…

C’est également grâce à A&E que le Pr Séralini avait réalisé qu’il avait fait l’objet d’une arnaque sur internet en 2011, date à laquelle il avait reçu le prix du « Scientifique international de l’année 2011» d’un certain International Biographical Centre of Cambridge (IBC), supposé émaner de l’Université de Cambridge et distribuant ce genre de distinction uniquement… contre rémunération. N’ayant pas vérifié la nature exacte de ce prix, fièrement affiché sur le site du CRIIGEN, M. Séralini ignorait que l’émetteur du prix était connu pour vendre des diplômes honorifiques bidons ! Depuis, la page web du CRIIGEN faisant état de ce prix s’est volatilisée…

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