Lors de son intervention télévisée du 28 mars dernier, le président de la République n’a à aucun moment mentionné l’agriculture et les industries agroalimentaires qui lui sont intimement liées. Comme s’il était possible de redresser l’économie française et de renouer avec la croissance sans la participation évidente du monde agricole ! Combien de fois faudra-t-il rappeler qu’à partir du formidable travail de nos agriculteurs, de nos éleveurs et de tous ceux qui participent en amont et en aval à l’organisation de leurs filières, la ferme-France dégage chaque année un excédent commercial qui se chiffre en milliards d’euros ? Pour la deuxième année consécutive, celui-ci a même dépassé les 11 milliards. Soit largement plus que la parfumerie et les cosmétiques réunis (8,3 milliards).
Cette performance repose principalement sur la quantité et la qualité de nos céréales. Celles qui sont exportées, mais aussi celles qui sont valorisées en produits transformés. La qualité – et le futur– de notre élevage dépend lui aussi de l’excellence des filières végétales. En effet, il ne peut y avoir d’élevage sans céréales, de même qu’il ne peut y avoir de céréales sans les débouchés des filières animales. Opposer les uns aux autres constitue donc un non-sens économique. C’est pourquoi toute politique agricole digne de ce nom doit porter une attention particulière au secteur des végétaux, qui a su, au fil des années, s’organiser, se moderniser, et qui sert encore aujourd’hui de modèle à de nombreux pays. Ce secteur est à la fois performant, innovant et largement plus respectueux de l’environnement que bien d’autres corps de l’économie. Enfin, il reste porté par des structures à taille humaine, bien loin des méga- exploitations que l’on peut rencontrer dans le reste du monde.
Améliorer sa compétitivité demeure donc un impératif. Cela passe par des mesures simples, qui ne nécessitent aucune dépense publique supplémentaire. D’une part, il faut maintenir une boîte à outils suffisante pour faire face à la volatilité des prix et aux sautes d’humeur des cours sur les marchés internationaux. D’autre part, il est nécessaire de libérer le potentiel qui existe encore en termes de productivité. Un accès optimisé à l’eau grâce à la construction de nouvelles retenues, l’usage des produits de protection des cultures les plus performants et l’accès à des semences de qualité – y compris issues des biotechnologies – restent les trois piliers incontournables d’une grande politique agricole. On peut faire confiance au savoir-faire de nos agriculteurs pour y ajouter la dose d’agronomie nécessaire. Bref, c’est tout le contraire de ce que propose aujourd’hui le ministre de l’Agriculture, avec sa déplorable croisade contre les insecticides de la famille des néonicotinoïdes et son acharnement à ne rien vouloir entendre au sujet des OGM, alors que François Hollande a souligné à deux reprises dans son allocution tout le bien qu’il pensait des biotechnologies! Sans parler du laisser-faire du ministre face au blocage inadmissible de Delphine Batho, opposée dès son arrivée au ministère de l’Écologie à la création des retenues d’eau pour l’irrigation. «Vous devez travailler autrement: travailler plus et travailler mieux», a lancé, visiblement irrité, Xavier Beulin à Stéphane Le Foll, lors du dernier congrès de la FNSEA. Finie, la lune de miel entre le ministre et le président du syndicat ?