Faute d’horizon, toute la recherche privée française sur les biotechnologies a été délocalisée depuis le Grenelle de l’environnement. Une orientation qui se poursuit, comme le montre la récente alliance entre la société familiale Florimond Desprez et l’Argentin Bioceres, une entreprise détenue principalement par des agriculteurs, mais aussi par des coopératives et différents acteurs du secteur agro-industriel. Florimond Desprez et Bioceres comptent commercialiser dès 2016 des blés transgéniques en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. C’est pourquoi ils ont engagé 10 millions de dollars dans une joint-venture, Trigall Genetics, qui combinera la génétique française du blé à la technologie argentine HB4, qui confère aux céréales (blé, soja, maïs et luzerne) un avantage de rendement en conditions de stress hydrique et de salinité excessive. Pour la période
2012-2016, Bioceres a déjà investi plus de 50 millions de dollars dans son programme de recherche et développement en biotechnologies.
Selon Philippe Pelzer, de Florimond Desprez, les avantages pour les agriculteurs d’Amérique latine se traduiront par une augmentation de rendements moyens de 10 à 15% pour le blé. Soit un revenu supplémentaire par hectare de 80 à 150 dollars au prix du blé en vigueur, selon les zones de production. Avec 10 millions d’hectares de blés, le marché sud- américain ouvre en effet de belles perspectives à la société française.
Privés de ce type de progrès génétique, nos agriculteurs ne pourront pas en profiter. En France, on préfère jouer la carte de l’agroécologie, dont la mode passera aussi rapidement qu’un ministre à la rue de Varenne…