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Le déficit agricole se creuse

Secteur agricole par secteur agricole, la France décroche, comme en témoigne l’étude de FranceAgriMer rendue publique en décembre concernant les fruits et légumes frais

Alors que les changements de gouvernement rendent difficile toute réflexion suivie sur le devenir du secteur agricole, une note publiée en décembre par FranceAgriMer dresse un bilan dramatique sur le déclin de la balance commerciale dans le secteur des fruits et légumes frais, et cela depuis plus de vingt ans.

Ainsi, entre 2003 et 2023, les exportations françaises de fruits tempérés – à savoir ceux adaptés à notre zone climatique (pomme, poire, abricot, pêche, nectarine…)  – ont diminué de 47 % en volume. Ce recul est principalement dû à la réduction des exportations de la catégorie pommes, poires et coings, qui connaît une baisse de 61 % par rapport à 2003, soit presque 500  000 tonnes, avec un recul pour les exportations vers le Royaume-Uni de 58 %, vers l’Espagne de 56 % et de 63 % vers l’Allemagne. Il en va de même pour les exportations de fruits à noyau (pêches, abricots, etc.), qui ont diminué en volume de 49 % en vingt ans.

Importations de fruits tempérés en hausse

Aussi inquiétant, les importations françaises de fruits tempérés ont augmenté sur la même période de 25 % en volume. FranceAgriMer observe que, même si elle est nettement plus marquée pour les importations venant des pays tiers (+ 63%), cette hausse est également valable pour celles en provenance de l’Union européenne (+ 12 %). « Il en résulte un solde des échanges en volume négatif et un déficit qui se creuse », explique France-AgriMer, en soulignant que le solde des échanges avec les pays tiers, alors qu’il était positif jusqu’en 2017, est ensuite devenu déficitaire, une tendance qui n’a fait que s’accentuer depuis.

En valeur, les importations françaises de fruits frais tempérés ont en effet plus que doublé entre 2003 et 2023 (+ 106 %), tandis que les exportations ont diminué de 5 % par rapport à 2003. « La balance commerciale de la France est négative et se creuse depuis 2004, atteignant 1,1 milliard d’euros de déficit en 2023 », alerte l’établissement public, qui signale que jusqu’en 2003, la balance commerciale de la France en fruits tempérés était encore positive. Depuis 2014, ce déficit n’a cessé de se creuser, en raison de l’augmentation des importations, provenant principalement de cinq pays (par ordre décroissant, l’Espagne, le Maroc, l’Italie, la Belgique et la Turquie) qui représentent désormais 78 % des importations françaises de fruits tempérés.

Les importations françaises en provenance du Maroc ont ainsi plus que quintuplé en vingt ans (+ 422 %) et représentent aujourd’hui 15 % des importations de fruits frais tempérés, tandis que les importations venant d’Italie, pays désormais devancé par le Maroc, ont été en recul de 14 % sur la même période. Quant à l’Espagne, elle reste reste notre premier exportateur avec une part de marché à un niveau équivalent à celui de 2013.

Légumes frais : rien ne va plus !

En ce qui concerne les échanges des légumes frais, FranceAgriMer relève également une augmentation significative du déficit pour la période 2003 à 2023. « La balance commerciale de la France est négative de 1,5 milliard d’euros et son déficit s’est très fortement creusé avec l’augmentation des importations provenant des pays de l’UE, puis, plus récemment, par la hausse des importations provenant des pays tiers », déplore l’établissement public, notant que, si entre 2003 et 2023, les exportations françaises de légumes frais ont augmenté en volume de 26%, portées par la hausse des exportations vers l’UE (+ 32 %), les volumes importés ont également augmenté (+ 28 %). Et si la hausse est principalement marquée pour les importations en provenance des pays tiers (+ 88 %), les importations venant des pays de l’UE connaissent également une hausse, bien que plus mesurée (+ 10 %). Pour les légumes frais, on retrouve en tête des fournisseurs de la France en volume, par ordre décroissant, les cinq mêmes pays : l’Espagne, le Maroc, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie, qui représentent 87 % des importations françaises de légumes frais.

« Cette étude, qui confirme qu’on importe 40 % de nos légumes et 60% de nos fruits, met en évidence le risque de perdre notre capacité de production en Europe. Pour éviter cette catastrophe, il est nécessaire que nos responsables politiques se mobilisent pour tracer une autre route », commente pour A&E Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA. Les prochains débats au Sénat et à l’Assemblée nationale sur la proposition de loi visant « à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » pourraient en marquer la première étape.

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