Difficile de savoir ce qui a inspiré notre très actif ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, dans sa co-rédaction de «Vivement 2025 !», la «contribution commune» au séminaire gouvernemental du 19 août 2013. A-t-il profité de la période estivale pour se plonger dans les écrits du Club de Rome, notamment le fameux rapport Halte à la croissance? paru en 1973 ? S’est-il converti aux thèses de Nicholas Georgescu-Roegen-, l’un des économistes les plus en vogue au sein du mouvement Décroissant ? Ou bien a-t-il plus simplement décidé de montrer patte blanche aux amis écologistes du gouvernement en co-signant cette tribune, à laquelle ni José Bové ni Noël Mamère ne changeraient une virgule ?
«Le système productif se voit contraint de faire face aux limites physiques d’épuisement des ressources de la planète», martèlent les quatre nouveaux mousquetaires de l’Écologie, Cécile Duflot, Pascal Canfin, Philippe Martin et Stéphane Le Foll. Pour eux, «la croissance de la consommation matérielle ne peut plus être l’objectif d’une société». Si l’on en croit leur tribune, les Français seraient même collectivement coupables de «surconsommer», ce qui «conduit à aggraver les inégalités sociales». Les quatre ministres de M. Hollande prônent donc une tout autre orientation, qui consiste à « inverser la tendance en rationalisant nos consommations matérielles ». Ils promettent même de «mettre fin à notre dépendance aux hydrocarbures» grâce à l’agroécologie, qui doit permettre «une réduction importante de la consommation des énergies fossiles et des intrants», et grâce à une «transition écologique,[qui devrait] créer d’ici 2025 un million d’emplois».
Bien entendu, tout ceci implique le refus dogmatique des OGM et des gaz de schiste, qui «permettent à certaines industries de garantir leurs perspectives financières, mais peuvent par le seul déploiement mettre en péril l’ensemble des autres activités humaines qui les entourent».
Ces quatre avocats de la «justice climatique [sic!]» proposent donc d’offrir aux Français « un modèle de développement nouveau », qui devrait répondre à leurs besoins et à leur bien-être. Et qui « exige une transformation profonde de notre système de production, mais aussi de notre système de pensée » ! Heureusement que nos ministres savent ce qui est bon pour le bas peuple…
Quoi qu’il en soit, ce texte dogmatique et en décalage total avec les aspirations réelles de la société actuelle a au moins un mérite : révéler les motivations profondes de notre ministre de l’Agriculture, qui avait jusqu’à présent habilement réussi à cacher son jeu.
On comprend mieux désormais son obstination à détruire toute innovation dans l’agriculture et à prôner des solutions aussi efficaces dans ce domaine que ne l’est, en matière de communication, le minitel à l’ère d’Internet…