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La pomme pourrie de Générations Futures

Le 7 octobre dernier, l’association Générations Futures a révélé une bien étrange histoire concernant un conflit entre une ouvrière agricole et son employeur, un arboriculteur du Limousin. Les charges décrites dans le communiqué de presse sont lourdes. Le patron aurait «refusé [à son employée] de mettre à sa disposition des moyens de protection» lors des épandages de pesticides. Pire, il lui aurait imposé des pratiques « sans aucun respect des règles d’utilisation [des produits concernés]». Son local phytosanitaire ne serait pas aux normes, ni sécurisé, et l’arboriculteur ne tiendrait pas à jour ses cahiers d’épandage, «restés vierges toute l’année». Toujours selon l’association anti-pesticides, l’ouvrière agricole aurait alerté son employeur à plusieurs reprises sur ses manquements et ses obligations. Sans résultat. Estimant sa santé menacée, elle a donc porté plainte.

Trois jours après la publication de Générations Futures, l’histoire a été diffusée au travers d’un reportage signé Cécile Descubes, journaliste à France3 Région. Militante avérée, Cécile Descubes a déjà réalisé plus de quinze reportages à charge contre l’arboriculture limousine au cours des trois dernières années.

Exhibant son arrêt de travail pour «inhalation de pesticides», Sorina, la plaignante, devient donc sa vedette d’un jour. L’affaire, présentée de manière bien tendancieuse, suscite une vive émotion au sein du parti de Cécile Duflot. Dans un communiqué de presse daté du 13 octobre, Europe-Écologie-Les Verts s’emballe devant ce témoignage «poignant d’une femme qui risque sa vie pour travailler», et se déclare «horrifié sur les pratiques décrites [sic]». De son côté, la Confédération paysanne dénonce un comportement «rendu possible par les discours tenus par le lobby industriel et par certains distributeurs, tendant à nier les risques liés à l’utilisation des pesticides». «L’agriculteur a donc exposé, en toute connaissance de cause, son employée, en ne fournissant pas d’équipement de protection, en l’obligeant à travailler sans respect du délai légal avant retour sur la parcelle traitée», s’insurge le syndicat, qui exige que le responsable soit «traduit en justice pour mise en danger de la vie d’autrui». Bref, d’un côté une victime, une pauvre femme, de surcroît d’origine étrangère, qui ose enfin briser la loi du silence; de l’autre, un exploitant agricole peu soucieux du respect de ses employés, et présenté comme un véritable malfrat. Vision totalement binaire des faits, qui ne résiste pas à un examen un tant soit peu sérieux.

Diffamer plutôt qu’enquêter

Ces procureurs autoproclamés ont-ils vérifié les faits avant de porter de telles accusations ? Ont-ils au minimum contacté l’agriculteur incriminé afin d’écouter sa version des faits ? Connaissaient-ils vraiment l’histoire de Sorina, cette ouvrière agricole d’origine roumaine qui suscite une telle sympathie ? Et quid de la présomption d’innocence pour l’exploitant agricole, déjà jugé coupable alors même qu’il n’a pas encore reçu copie de la plainte ? Bien entendu, aucune de ces précautions n’a été prise par François Veillerette, le patron de Générations Futures, ni par ses amis. Comme le commente Daniel Sauvaitre, président de l’Association Nationale Pommes Poires, «ces prêcheurs d’apocalypse qui ne demandent qu’à croire ont dû adorer cette histoire tant elle apporte de l’eau idéalement polluée à leur moulin à prières diaboliques». C’est pourquoi ils ont lâchée la meute, profitant de cette trop belle occasion pour diffamer, non pas un homme, mais à travers lui, toute une profession ! «L’organisme qui fournissait les pesticides à cet agriculteur aurait tenté de dissimuler les manquements de son client», accuse ainsi la Conf’, tandis que Générations Futures suggère que de telles pratiques sont «courantes, et connues».

La guerre de sape des vallées limousines

Facile. Trop facile. Car que diraient François Veillerette et ses sponsors –Distriborg, Biocoop, Botanic et Léa Nature– si la presse accusait en bloc toute la filière bio de fraude au motif qu’une AMAP de Genas, Moins et Bourgoin, a livré des légumes certifiés bio sur la base d’un faux certificat, présenté par son maraîcher-fournisseur ? Cette arnaque, qui a fait la une de la presse rhônalpine en septembre 2011[[http://www.leprogres.fr/rhone/2011/08/09/arnaque-aux-legumes-bio-le-maraicher-avait-un-faux-certificat]], n’a curieusement suscité aucune réaction de la part de Générations Futures. Simple cas isolé, rétorqueront certains. Certes. Comme celui des 11 millions d’œufs bio vendus de juin 2008 à avril 2010 sous une appellation française, alors qu’ils provenaient d’Italie[ [http://www.lsa-conso.fr/tromperie-sur-les-ufs-cocorette,140283]]… Là aussi, le silence a été de mise. Et pour rester dans le cadre limousin, la succursale locale de Générations Futures, Allassac ONGF, semble parfaitement s’accommoder du fait qu’un de ses responsables, un agriculteur, a fourni des pêches conventionnelles transformées ensuite par une productrice en confiture de pêches… bio [[http://safransourceblanche.over-blog.com/archive/2010-08/]] ! Ni vu, ni connu, Cécile Descubes, qui couvre la région, n’ira pas enquêter. Elle semble se contenter des pièces à charge que lui fournit Fabrice Micouraud, l’ancien président d’Allassac ONGF et par ailleurs administrateur de Générations Futures.

Depuis des années, ce militant anti-pesticides mène une véritable guerre de sape contre les arboriculteurs de la région. Faute de résultats, il s’en prend désormais à «l’inertie des pouvoirs publics [[http://limousin.france3.fr/2013/06/18/demission-du-president-de-l-association-anti-pesticides-de-correze-fabrice-micouraud-272835.html]]». Or, toutes ses actions n’ont abouti qu’au développement d’un climat nauséabond dans les paisibles vallées limousines. «L’exaspération est à son comble», témoigne Daniel Sauvaitre. D’autant plus que Fabrice Micouraud, le véritable chef d’orchestre de la plainte de l’ouvrière agricole, livre aux médias une version bien unilatérale des faits. Sa cible du moment a déjà fait l’objet de trois contrôles par les services administratifs (Draf et Inspection du travail), qui n’ont rien trouvé de particulier à lui reprocher si ce n’est de ne pas maintenir son local phyto fermé à clé en permanence et d’y entreposer des bidons vides non rangés. Bref, pas vraiment de quoi l’accuser de mettre la vie d’autrui en danger…

«La réalité concrète des pratiques de cet arboriculteur ne correspond en rien à la description calomnieuse et calamiteuse qui en est faite par Générations Futures», affirme Laurent Rougerie, responsable de l’Association Pommes du Limousin, qui a mené sa propre enquête. «En ce qui concerne le conflit entre la salariée roumaine et son employeur, la suite apportera sans doute des éclairages complémentaires bien utiles», poursuit-il. Car l’histoire de Sorina –qui a obtenu, grâce à cet arboriculteur et sa famille, un toit, du travail en bonne et due forme, une école pour ses deux enfants, ainsi qu’une aide précieuse lors de son hospitalisation suite aux graves violences conjugales qu’elle a subies en 2008, et enfin, après le suicide de son mari [[Entretien avec Sorina, le 28 octobre 2013]]. – est en réalité complexe et dramatique. Elle est étrangère aux questions de pesticides. François Veillerette et ses amis auraient mieux fait de creuser la question avant de se précipiter dans une ignoble instrumentalisation d’un cas de misère sociale et humaine.

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