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« Les semenciers français manquent de visibilité », alerte le président de l’UFS

Depuis son assemblée générale du 16 novembre 2016, l’Union française des semenciers (UFS) a un nouveau président : Franck Berger, membre du Comité de direction du Groupe Limagrain. En exclusivité, il a accepté de répondre à nos questions.

Quels principaux sujets peuvent impacter votre secteur dans les prochaines années ?

Comme n’importe quel secteur économique, les professionnels de la semence ont besoin d’un cadre juridique et réglementaire clair et suffisamment stable pour pouvoir conduire leur activité, en particulier pour planinifier leurs investissements. Le constant questionnement des acquis, comme dans le cas du jugement de la chambre des recours de l’Office ce Européen des Brevets, qui vient créer une superposition entre le champ de ce qui est brevetable et celui de ce qui est protégeable par le Certificat d’Obtention Végétale, instaure un climat d’insécurité propre à désorienter les entreprises. De la même manière, nous restons en attente de la position de la Commission européenne relative aux Nouvelles Techniques d’Amélioration des Plantes (NBT), constamment différée depuis plusieurs années. Cette situation laisse le champ libre à certains pays pour promouvoir des réglementations nationales pragmatiques, qui offrent un atout compétitif à leur secteur semencier par rapport à la France. Nous appelons de nos vœux ces clarifications en 2017.

Le dossier des traitements de semences est au point mort. Pensez-vous qu’un changement de majorité lors des prochaines élections présidentielles et législatives pourrait faire évoluer ce dossier ?

Rappelons l’importance économique du secteur semencier en France : plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 50% réalisés à l’exportation et une contribution nette de près de 850M d’euros à la balance du commerce extérieur de notre pays. Ce qui nous inquiète désormais, c’est le risque de perdre la possibilité de traiter des semences dans nos usines avec des matières actives ne disposant plus d’AMM en France en vue de leur exportation vers des pays où elles sont autorisées, ce qui aurait la double conséquence d’exposer nos entreprises à la perte de débouchés commerciaux et de les obliger à considérer la relocalisation de leurs outils industriels hors de France. Dans les deux cas, ce sont l’économie française et ses emplois qui en pâtiraient.

Qu’en est-il du dossier des NBT ? En quoi est-il vital pour l’industrie semencière française ?

Améliorer les plantes pour permettre une plus grande adaptation aux besoins alimentaires des hommes est bien l’enjeu dont nous parlons. Il me semble important de rappeler que ces techniques sont issues de travaux fondamentaux sur le génome, et trouvent déjà de multiples champs d’application dans d’autres domaines que le végétal, en particulier la santé humaine. Certaines d’entre elles sont simples à mettre en œuvre et relativement peu onéreuses. Doivent-elles faire l’objet d’une approche règlementaire ? Bien entendu, c’est une nécessité, et l’UFS a d’ores et déjà proposé une approche utilisant trois critères existant dans la règlementation européenne actuelle a n de construire un arbre de décision en vue de classifier ces techniques. L’accès à ces techniques de recherche est un enjeu clair de compétitivité internationale pour les entreprises françaises. Les conclusions de la mission Agriculture et Innovation 2025, diligentée l’an passé par les ministères de la Recherche et de l’Agriculture, soulignent d’ailleurs le rôle fondamental de la génétique et des biotechnologies dans le futur de notre agriculture.

Le manque de visibilité sur ce dossier affecte-t-il réellement les semenciers français ?

C’est une évidence. Les entreprises font aujourd’hui des choix d’investissements qui les engagent sur des cycles de 5, 10 ou 20 ans. Prenons la recherche : les semenciers français consacrent en moyenne 15% de leur chiffre d’affaires à la recherche. Pourront-ils oui ou non investir dans les outils permettant d’utiliser les NBT et à quelle échéance ? Nous avons déjà parlé des traitements de semences et du risque de perte de volumes d’affaires, voire de relocalisation d’usines. Autre sujet : il semble que le futur Règlement européen sur la santé des végétaux s’oriente vers un renversement des dispositions relatives à l’importation dans l’UE de produits végétaux qui supposerait un examen préalable avant entrée des lots de semences, alors même que notre secteur a développé depuis des décades des systèmes d’assurance qualité performants pour contrôler ce risque. C’est tout le mouvement international des semences vers et à partir de l’Europe et en premier lieu de la France, pays leader, qui en serait sévèrement affecté.

 

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