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Le programme pour l’agriculture de Jacques Cheminade

1- Quelles seraient les 5 premières mesures que Jacques Cheminade compte mettre en œuvre pour relancer les filières en difficultés, en notamment l’élevage ?

1/ A court terme la première mesure serait la levée des sanctions contre la Russie en exigeant en contrepartie d’importants achats de viande et de produits laitiers. Cela permettrait dans l’immédiat un assainissement du marché.

2/ En complément, un moratoire et une restructuration de la dette des agriculteurs qui ont été poussés au surendettement pour s’adapter aux nouvelles conditions du marché.

3/ Dans le contexte actuel d’absence de régulation les quatre grandes centrales d’achat abusent de leur position d’oligopole. Il faudra limiter leur pouvoir de négociation.

4/ Pour ne pas aggraver la situation il faut arrêter les négociations de libre-échange (CETA-TAFTA) qui vont dans le sens du démantèlement de tout ce qui reste de régulation, avec des effets particulièrement préoccupants en ce qui concerne nos filières d’élevage.

5/ A plus long terme il conviendrait de réorienter la politique agricole en remettant en place une organisation des marchés afin d’assurer des prix rémunérateurs. Revenir sur tout ce qui a été abandonné par la PAC (quotas de production, stockage public, prix d’intervention, préférence communautaire).

2- La recherche agronomique a toujours été un vecteur de développement de l’agriculture. Mais aujourd’hui, elle semble en panne. Est-ce toujours une priorité et si oui, comment peut-on la promouvoir ?

La recherche agronomique a accompagné la croissance de la productivité de l’agriculture jusqu’au début des années 2000. Ce modèle de développement était basé sur la mise au point de variétés plus productives dont le potentiel pouvait être exprimé par un recours accru aux intrants. Ainsi la productivité de la terre a été fortement augmentée. En parallèle, les progrès du machinisme ont permis d’augmenter considérablement la productivité du travail. Il semble que cette tendance ait atteint ses limites. Aujourd’hui la diminution de l’emploi agricole n’est plus une nécessité compte tenu de la montée du chômage dans la société, et par ailleurs le productivisme bute sur des problèmes environnementaux. Le moment est venu de passer à un autre type de modèle qui repose sur une meilleure connaissance des systèmes vivants. On pourra ainsi aller vers une agriculture raisonnée, plus économe en intrants (mais nécessitant peut-être plus de travail), et donc avec des impacts environnementaux mieux maîtrisés, mais conservant un bon niveau de performance économique.

Ces nouveaux progrès reposeront d’une part sur une meilleure connaissance des phénomènes du vivant d’une part, en particulier tout ce qui concerne la vie des sols (microbiologie du sol etc…), les interactions entre le sol et la plante, et d’autre part sur un recours accru à l’information et non plus à la seule puissance mécanique (utilisation intensive des techniques nouvelles de télédétection, données satellitaires, drones…). On pourrait ainsi passer à ce que certains ont appelé une agriculture « écologiquement intensive », minimisant ses impacts environnementaux.

Plus que jamais la recherche aura un rôle essentiel à jouer pour accompagner l’évolution de l’agriculture vers ce type de modèle.

3- Le monde agricole se sent paralysé par l’excès de normes. Jacques Cheminade compte-t-il mettre en œuvre une simplification des normes et si oui comment ?

En effet, il est urgent d’arrêter d’accumuler des normes et réglementations « écologiques » ou « climatiques » qui imposent des heures de paperasserie souvent contradictoire et inutile et pénalisent nos agriculteurs face à ceux de pays plus laxistes. Il serait plus utile d’avoir un « carnet de santé » des sols permettant de suivre dans le temps et d’évaluer l’impact des interventions.

4- Quelle est la position de Jacques Cheminade sur les biotechnologies en général (OGM) et plus particulièrement sur la sélection assistée par marqueurs, sur la mutagénèse, et sur les nouvelles méthodes d’édition et de corrections du génome (Crisp/Casp9, etc…) ?

Il ne faut pas avoir une attitude hostile par principe aux innovations technologiques et cela vaut, bien sûr, pour les biotechnologies. Les progrès récents (comme la méthode CRISPR/Cas9) font que ces techniques seront de plus en plus facilement utilisées aussi bien en agronomie qu’en médecine. La France, qui a une vocation historique de création de semences, peut difficilement rester à l’écart de ces tendances sous peine de se retrouver dépendante des innovations venant de l’étranger. Voir nos chercheurs partir à l’étranger pour pouvoir utiliser ces techniques n’est franchement pas très reluisant pour un pays qui se veut issu des Lumières.

Cela étant les biotechnologies ne sont pas sans poser des problèmes. Les effets des organismes ainsi créés sur l’homme et sur l’environnement sont encore mal connus. Par ailleurs on peut s’inquiéter d’une tendance au brevetage du vivant. Il faudra éviter que les intérêts financiers s’en emparent avec comme seule vue le profit à court terme. Les produits issus de ces techniques devront être soumis à une évaluation rigoureuse, effectuée par des organismes indépendants, ce qui milite pour le maintien d’un haut niveau d’expertise dans ces domaines au sein de la recherche publique.

5- Les incertitudes économiques n’ont jamais été aussi fortes avec une valse de prix agricoles extrêmes. Comment Jacques Cheminade envisage-t-il de stabiliser, et d’augmenter, le revenu des agriculteurs ?

Face à l’instabilité des marchés agricoles il faut remettre en place les outils de régulation qui ont été abandonnés par la PAC (voir ci-dessus). Pour ce faire il faudra essayer d’inverser la vision européenne actuelle, trouver des alliances avec les pays qui partagent notre point de vue, mais l’expérience de la négociation sur la sortie des quotas laitiers a montré que ce n’était pas facile. La sortie de la Grande Bretagne pourra peut-être changer l’équilibre des rapports de force au sein de l’UE.

De toute façon, le niveau européen est déterminé par le contexte mondial et l’évolution des BRICS présente une opportunité intéressante à saisir. Cela pourrait amener à revoir la stratégie européenne. En effet les besoins alimentaires mondiaux sont potentiellement énormes avec l’amélioration du niveau de vie dans les pays émergents. L’agriculture française, qui possède des atouts indéniables, aurait une carte à jouer dans ce contexte à condition qu’elle ne soit pas détruite auparavant par des marchés trop volatils.

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