Tribune de Sophie PRIMAS, Sénateur des Yvelines Membre du pôle agriculture de l’équipe de campagne de François FILLON
Depuis plus de 18 mois, l’agriculture française est confrontée à une crise d’une violence rare, qui détruit sans distinction producteurs et éleveurs. Volumes et prix forment l’épicentre de cette situation qui s’est profondément installée depuis trop longtemps. Les facteurs conjoncturels se sont entrechoqués depuis plusieurs mois et se sont conjugués à un délitement des paramètres économiques structurels qui apparaissent aujourd’hui hors d’usage. Aggravée par des épisodes climatiques et sanitaires souvent douloureux à surmonter et vécus comme de réelles injustices, la crise n’est pas seulement la contusion de notre économie agricole, mais elle est la blessure de tout un pays.
De tradition rurale et agricole, la France est une nation qui partage la chance et la force de produire suffisamment pour nourrir et pour exporter. Après l’industrie aéronautique et le secteur de la chimie, des parfums et des cosmétiques, l’agriculture et l’agroalimentaire sont le troisième excédent commercial français. Une immense fierté. Ce qui, dans un contexte de l’évolution démographique mondiale, constitue un atout stratégique et déterminant à la fois en matière de souveraineté alimentaire et de performances économiques. Cela nous confère un devoir à la fois moral et commercial. Et les années à venir n’en seront que la démonstration. Immense fierté également car nos filières agricoles et agroalimentaires sont internationalement reconnues comme étant de grande qualité, à l’instar de notre gastronomie, véritable étendard de nos savoir-faire.
Le pavillon tricolore qui orne la Ferme France doit retrouver sa grandeur dans une temporalité qui impose au politique de prendre en considération les réalités économiques et de ne pas sombrer dans un écologisme militant dogmatique. L’agro-écologie ne peut être imposée en opposition à notre économie agricole contemporaine : il est essentiel de réconcilier les agricultures, dans leur diversité et en harmonie avec un environnement respecté. C’est d’ailleurs la condition d’une agriculture durable. Mais, à la défiance qui semble vouloir s’installer, il faut préférer la confiance.
Or à cette sommation, l’actuel Gouvernement a répondu durant tout le quinquennat avec un artifice devenu tristement régulier, multipliant les gesticulations, les déclarations et souvent un dogmatisme diviseur. Jamais d’ailleurs, les Français n’ont tant douté de l’excellence de l’agriculture française à laquelle pourtant ils sont si attachés. Trop de postures successives, génératrices de défiance… là où doivent s’imposer pudeur, initiatives concrètes, accès à l’innovation, conseil, simplification et soutien aux initiatives territoriales pour répondre à la détresse de ces hommes et de ces femmes qui font de la terre plus qu’une profession, un engagement de vie. Faut-il seulement rappeler qu’un agriculteur se donne la mort tous les deux jours. Oui, il y a mort d’Homme et ne pas soutenir nos agriculteurs peut être considéré comme de la non-assistance à personne en danger.
Las d’être sans cesse renvoyés à une profession subventionnée par les appareils européens, les agriculteurs recherchent avant tout la création de valeur. Qui accepterait de vendre à perte, de se lever pour rien, de suer sans utilité ? La passion ne suffit plus à nourrir nos agriculteurs eux-mêmes.
Les négociations entre producteurs, intermédiaires et distributeurs doivent permettre de garantir un prix équilibré. Les agriculteurs doivent être considérés comme de véritables entrepreneurs : ils sont les acteurs clés des marchés, pourtant trop souvent ignorés. Pour cela, il faut simplifier les normes et les contrôles sans attendre. Le diktat de l’encadrement à outrance ne peut résolument l’emporter sur le pragmatisme et l’efficience que réclame une économie concurrentielle. Nous souffrons de manière générale d’une sclérose normative qui endigue le développement de la croissance, bien au-delà de la seule filière agricole. C’est un mal français, un exceptionnalisme qui n’est plus admissible, celui de la culture de la contrainte et de la sur-transposition permanentes. Il faut redonner de la liberté.
Parallèlement, des outils permettant de mieux gérer cette économie si particulière qu’est l’agriculture et de se prémunir des risques doivent être développés afin d’accompagner la transition que nous vivons.
La situation exige donc une autorité, une ambition, une parole forte. Or la voix de la France à Bruxelles s’est considérablement affaiblie. Elle est quasi inexistante. L’Europe s’est construite sur l’agriculture. Cette Europe doit être une chance et non un fardeau et La France doit prendre le leadership des propositions européennes.
Enfin, l’impérieuse nécessité qui nous commande de relever au plus vite l’agriculture française est aussi celle du traitement prioritaire qui doit être réservé à la revitalisation de la ruralité. Penser la terre sans les territoires est une faute lourde. Investir dans les territoires ruraux, c’est d’abord valoriser les dynamiques économiques et sociales agricoles.
Dans le projet présidentiel présenté et porté par le candidat que je soutiens à l’élection présidentielle, comme de millions de français, cette articulation « agriculture et ruralité » apparaît comme un pivot essentiel. Cela est pourtant une singularité dans cette campagne où l’agriculteur est encore trop souvent traité distinctement de son environnement, stigmatisé sur l’autel de la démagogie et de l’ignorance et à qui on veut imposer un modèle trop souvent passéiste.
Face à cette multitude de défis, seul le programme porté par François FILLON peut apporter des solutions à la hauteur et positionner l’agriculture comme un élément à part entière du redressement de la France. Confiance. Liberté. Innovation : oui, renouons avec une agriculture forte et conquérante.