À l’occasion de la semaine du goût, Agriculture et Environnement revient sur une fakenews largement répandue : la valeur nutritive des fruits et légumes aurait diminué depuis les années 50.
En 2015, la revue écologiste Terra Eco défrayait la chronique en affirmant que « pour retrouver les qualités nutritionnelles d’un fruit ou d’un légume des années 50 il faudrait en manger aujourd’hui une demi-cagette ». L’émission « Cash Investigation » a repris le même crédo en juin 2019, déclarant que « 70% des fruits et légumes les plus consommés en France ont perdu en moyenne depuis 1960, 16% de leur calcium, 27% de leur vitamine C et 48% de leur fer ». Toutefois ces chiffres ne sont pas fiables pour plusieurs raisons. D’abord, les méthodes d’analyse des années 50 étaient bien moins précises que celles utilisées aujourd’hui. Ensuite, ces anciennes données pouvaient parfois provenir seulement d’un ou deux échantillons de fruit ou de légume. Or, la qualité nutritive d’une pomme ne peut pas être représentative de celle de toutes les variétés de pommes. D’autant plus que les qualités nutritives d’un fruit ou d’un légume peuvent être très différentes d’une variété à une autre. Ainsi, par exemple, la valeur en vitamine C d’une pomme Gala peut en moyenne en contenir de 2 à 3 mg en vitamine C par 100 grammes de fruit. En revanche, une pomme Golden en contient 10 mg par 100 grammes de fruit, une valeur similaire à la Golden des années 50.

Outre les méthodes analytiques de mesure et les variétés d’autres facteurs entrent en jeu comme le niveau de maturité, les méthodes de production, la saison etc… On peut d’ailleurs constater que les variations naturelles sont beaucoup plus importantes que les supposés pertes historiques. Si on prend par exemple l’exemple de 100 g de tomate crue aujourd’hui, les teneurs varient de 7,8 à 23,1mg pour la vitamine C, c’est-à-dire une variation de 296%, et de 3,41 à 18mg pour le calcium autrement dit une variation de 527%.

Et il reste prouvé que manger régulièrement des fruits et des légumes est en dépit des variations, bénéfique pour la santé.
Sources
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Amélie Mougey, « Pourquoi une pomme des années 1950 équivaut à 100 pommes d’aujourd’hui », terraeco.net, 20 janvier 2015.
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« Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes », émission « Cash Investigation », France 2, 18 juin 2019
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« 100 fois plus de vitamine C dans une pomme hier que dans celle d’aujourd’hui ? », émission « On n’est pas des pigeons ! », RTBF, 12 septembre 2017.
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Thibault Fiolet, « Perte de nutriments dans les fruits et légumes entre 1950 et 2000 ? Fack Checking de « Cash Investigation », quoi dans mon assiette.fr, 20 juin 2019.
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Léon Guéguen, « La valeur nutritionnelle des aliments a-t-elle diminué depuis 60 ans ? », in La revue de l’Académie d’agriculture, n°12, mai 2017.