Dans la guerre en coulisse que mène le lobby du bio contre la certification Haute valeur environnementale (HVE), une première salve avait déjà été tirée en mai 2021 par un article du quotidien Le Monde, sous la plume de Stéphane Foucart. Se prévalant d’une « note confidentielle » remise par l’Office français de la biodiversité, ce dernier assénait que « le label agricole HVE ne présente, dans la majorité des cas, aucun bénéfice environnemental ».
Fin septembre, c’est au tour des associations UFC-Que Choisir, Greenpeace France et le WWF France de se mobiliser. Dans un communiqué de presse, publié à la suite de la mise en ligne, le 28 septembre, d’un document du Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne), Alain Bizot, président de l’UFC-Que Choisir, cogne contre la certification HVE, l’accusant d’être « un leurre ». Selon ce document, et une étude publiée le même jour par l’association des consommateurs, il y aurait, d’un côté, les bons élèves, à savoir les quatre labels bio – AB, Bio Équitable, Demeter et Nature & Progrès –, et de l’autre, les mauvais élèves que seraient les démarches HVE, Agri-confiance et le label Zéro résidu de pesticides. Jusqu’à certaines AOP qui n’échappent pas aux critiques. Ainsi, le Saint-Nectaire, le Cantal ou le Munster auraient un cahier des charges « bien peu exigeant ». Tout comme le Label rouge pour les porcs, dont la différence avec le conventionnel est jugée « très faible ».
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Mais c’est surtout la certification HVE qui est dans la ligne de mire des associations, lesquelles demandent au gouvernement de « suspendre le soutien public à la certification HVE tant que le cahier des charges n’a pas été révisé », sans oublier de lui réclamer par la même occasion de « renforcer le soutien à l’agriculture biologique, qui, elle, a fait ses preuves ». « C’est assez scandaleux que la Pac s’oriente vers un soutien public égal entre l’agriculture bio et la HVE ! », renchérit Joseph D’halluin, chargé de campagne « agriculture » de Greenpeace.
Mais personne n’est dupe. Cette guerre a un objectif précis, bien éloigné des considérations écologiques ou sanitaires. Il s’agit en effet pour le lobby du bio d’éliminer ses concurrents directs afin de se réserver la manne du marché de la restauration collective. C’est-à-dire les 50 % des 3,7 milliards de repas par an, qui, selon la loi Egalim votée en 2018, devraient être attribués aux labels considérés comme « durables ». D’où ces attaques à répétition contre la certification HVE créée par le ministère de l’Agriculture, et accusée désormais par le lobby du bio d’être « un label de greenwashing ».