Deux récents sondages suggèrent que les prises de paroles du monde agricole, notamment sur les réseaux sociaux, apportent un effet très positif auprès du grand public.
De nombreux acteurs du monde agricole se sont mobilisés pour répondre, principalement sur les réseaux sociaux, à l’agribashing pratiqué par certaines ONG. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie lui-même n’a pas hésité, depuis qu’il siège au numéro 78 de la rue de Varenne, à monder au créneau en prenant la parole, y compris lors de la séances à l’Assemblée nationale, pour remettre les pendules à l’heure.
Tous ces efforts d’information semblent désormais être payés de retour, comme l’ont mis en évidence plusieurs sondages publiés récemment, dont celui de l’institut BVA présenté lors des journées de l’UFS (Union française des semenciers), le 4 novembre dernier.
On y découvre en effet que 71% des Français ont une très bonne opinion de l’agriculture, un pourcentage qui est en croissance de 12 points par rapport à 2015. Une large majorité de Français reconnaissent également le rôle des agriculteurs dans la préservation du territoire et pensent que ceux-ci se soucient pleinement des effets sur l’environnement et du respect de la biodiversité lors du choix de leurs modes de production.
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Car là aussi, les chiffres sont éloquents : alors qu’ils étaient 37 % en 2015 à estimer que les modes de production sont décidés de manière raisonnée, ils représentent aujourd’hui 59 %, soit une augmentation de 22 points en six ans. Enfin, ils sont aussi 71 % à penser que l’utilisation des innovations scientifiques constitue un moyen pour mieux préserver l’environnement.
« Les communications et prises de parole engagées par les agriculteurs pour expliquer la réalité de leur métier portent leurs fruits », constate ainsi Florence Gramond de BVA, qui s’est également penchée sur le degré de connaissances que les Français pensent avoir sur l’agriculture.
« Nos résultats montrent que l’agriculture et le métier d’agriculteur ont encore largement besoin de continuer à être expliqués au grand public », poursuit la spécialiste. Ce qui ne devrait pas être trop difficile puisque l’enquête a mis en évidence que, si on leur en donnait l’occasion, 9 Français sur 10 aimeraient pouvoir échanger avec des agriculteurs. Soit à l’occasion de rencontres sur leurs exploitations, soit lors d’achats en circuits courts, mais aussi, pour les plus jeunes, sur les réseaux sociaux.
Des lacunes dans les connaissances
Comme on peut le déduire de leurs réponses aux vingt-deux questions posées par BVA, malgré une nette amélioration depuis 2015, une majorité de Français continue de très peu connaître les réalités du monde agricole. C’est vrai tant pour les productions végétales que pour les productions animales. Ainsi, par exemple, 74 % des personnes interrogées admettent ignorer que près d’un fruit ou légume sur deux consommés en France est importé. De même, ils sont plus de 70 % à ignorer que l’agriculture dégage un excédent commercial de 6,1 milliards d’euros et qu’elle se positionne ainsi à la troisième place, juste après le secteur aéronautique et la chimie. Enfin, ils sont encore majoritaires à ne pas savoir que la taille des exploitations et des troupeaux de vaches laitières reste dans l’ensemble modeste, avec en moyenne un troupeau constitué de 45 vaches, ou encore que l’alimentation des vaches est produite sur place dans 90% des cas.
Plus intéressantes encore sont les réponses aux questions concernant les attentes des citoyens sur l’agriculture. Si certaines de ces réponses sont sans surprise, comme par exemple le fait qu’ils sont 73% à accepter de payer « quelques centimes plus chers des produits alimentaires français» ou à préférer les circuits courts, d’autres se révèlent plus étonnantes. Ainsi, ils sont 78 % à préférer des produits alimentaires non bio mais produits en France, plutôt que bio et importés, à vouloir une agriculture « raisonnée » qui assure notre indépendance alimentaire, plutôt qu’une agriculture majoritairement bio qui augmente nos importations. Enfin, ils sont aussi largement majoritaires à soutenir le développement de retenues d’eau de pluie pour favoriser l’irrigation en été.
Quelques réponses surprenantes
Le second sondage, réalisé par l’institut Ipsos, donne une photographie finalement assez similaire. Selon cette enquête, présentée par Brice Teinturier lors d’un séminaire privé, 91% de la population ont aujourd’hui une bonne opinion des agriculteurs, pourcentage en hausse de 7 points par rapport à 2018, tandis que le pourcentage de personnes ayant une mauvaise opinion de l’agriculture perd 7 points (de 16% à 9%).
Incontestablement, le poids des agriculteurs dans la communication a donc réussi à contrebalancer celui des campagnes anxiogènes des ONG et des médias, qui restent d’ailleurs beaucoup moins audibles qu’on pourrait le croire.
En effet, alors que 83% des personnes interrogées affirment avoir confiance dans les agriculteurs pour leur parler des enjeux de l’agriculture, les ONG ne récoltent que 53 % de résultats positifs et les médias, à peine 30 %. Toutefois, il reste encore du travail lorsqu’on découvre que près d’un Français sur deux estime que l’agriculture conventionnelle n’apporte pas aujourd’hui une alimentation saine.
On découvre cependant que, lorsqu’on leur pose correctement les questions, une large majorité de Français émettent des avis très raisonnables. Ainsi, plus de deux personnes sur trois estiment qu’il ne faut pas interdire les produits phytosanitaires « tant que les agriculteurs ne disposent d’aucun autre produit pour les remplacer », et plus de la moitié des personnes interrogées estiment que « la France ne doit pas interdire les produits phytosanitaires qui restent autorisés dans l’UE ».
Des propos qui tranchent avec ce que laissent entendre habituellement les médias nationaux.