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Glyphosate :  il n’y a pas de risque pour la santé et l’environnement 

Les 27 États membres ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur la réhomologation du glyphosate. Cette situation ne doit pas occulter le consensus scientifique des agences sanitaires qui s’accordent sur la non-dangerosité de l’herbicide.

Gil Rivière-Wekstein : Il n’y a pas de risque pour la santé provenant du glyphosate. Et si le glyphosate est utilisé correctement, il n’y a pas non plus de problème pour l’environnement. D’où la proposition de la Commission européenne de réhomologuer ce produit pour une période minimum de dix ans. 

Le Figaro : Vendredi dernier, les États membres de l’Union européenne étaient invités par la commission européenne à renouveler l’autorisation du glyphosate pour dix ans, renouvellement très discuté. Sur quelle base scientifique la Commission européenne s’appuyait-elle ? 

La Commission européenne s’est basé sur ce qu’a proposé l’ Agence de sécurité sanitaire de l’Union européenne, l’Elsa. L’Efsa a coordonnée ce travail, mais il a été réalisé par quatre agences différentes de quatre pays différents, ce qui est une nouveauté totale. Ça n’a jamais été fait comme ça à l’échelle européenne. Quatre agences : la française, celle des Pays-Bas, celle de Suède et celle de la Hongrie, de manière à ce que ce soit clairement indépendant et en dehors de toute pression des entreprises. Ça veux dire qu’on mobilisé 90 experts. Ils ont travaillé pendant deux ans et ils ont produit un rapport de 180.000 pages. Tout a été regardé. Il y a bien entendu les études protocolaires, ça veut dire celles qui sont demandées par l’agence pour bien cerner la problématique. Et toutes les autres études universitaires ont été considérées. Certaines ont été rejetées parce qu’elles n’étaient pas assez robustes et d’autres ont été prises en comptes. Donc on a à faire ici à la plus grande et la plus robuste évaluation qui n’a jamais été faire sur ce produit. 

Elle aboutit aux mêmes conclusions que toutes les autres agences sanitaires du monde, que ce soit l’agence russe, l’agence japonaise, l’agence canadienne, l’agence brésilienne… Toutes les agences sanitaires du monde concluent à la même chose : Il n’y a pas de risque pour la santé provenant du glyphosate. Et si le glyphosate est utilisé correctement, il n’y a pas non plus de problème pour l’environnement. D’où la proposition de la Commission européenne de réhomologuer ce produit pour une période de dix ans.

Le Figaro : Pourtant, les opposants à cette nouvelle autorisation brandissent d’autres études scientifiques, comme celle du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) réalisée en 2015, ou celle de l’insert publiée en 2021. Comment y voir claire ? 

Ni le CIRC, ni l’Inserm n’a produit d’études. Le CIRC, tout comme l’Inserm ont produit des avis. Donc ce sont des évaluations. Comment a été faite celle du CIRC ? Elle a été réalisée sur une période de dix jours par une dizaine d’experts qui se sont réunis à Lyon. Ils ont regardé un certain nombres d’études et ils ont abouti à ce que certaines de ces études pouvaient éventuellement suggérer que le glyphosate auraient une responsabilité dans certains cancers. Ils n’ont pas prouvé. C’est pour ça qu’ils ont catégorisé le glyphosate dans la catégorie « 2B » donc « cancérogène probable ». Depuis, toutes les agences sanitaires ont donc regardé ces études. Les mêmes études que celle que le CIRC a regardées, et ont abouti à des conclusions contraires. On ne peut pas mette en parallèle un avis réalisé par une dizaine de scientifiques qui se sont penchés sur la question pendant une dizaine de jours, avec celui de 90 experts de quatre agences différentes qui se sont penchés sur le sujet pendant plus de deux ans et qui avaient l’avis du CIRC. Ça n’a rien de comparable. 

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Concernant l’Inserm, on est dans le même cas de figure. Il n’y a pas de preuve, il n’y a pas d’étude, il y a une lecture singulière de la part de quelques chercheurs de l’Inserm sur une ou deux études. Comme les hirondelles ne font pas le printemps, une étude ne fait pas la science. 

Le Figaro : La presse française se fait également l’écho de cas de maladies, que les médecins du travail reconnaissent comme professionnelles, en raison notamment de l’utilisation du glyphosate. N’est-ce pas là une forme de preuve ?  

Toute personne qui a un cancer cherche nécessairement l’origine de ce cancer. Et le glyphosate passe aujourd’hui pour être un bon coupable. Malheureusement, quoi qu’en dise la médecine du travail aujourd’hui, les preuves liant ces maladies professionnelles et le glyphosate ne sont pas établies, y compris par les médecins qui permettent aux patients d’obtenir le fonds d’indemnisation. Les restrictions imposées par la France, ce sont restrictions qui finalement n’ont aucune justification réelle. 

Figaro : Pourtant le glyphosate continue d’être présenté comme controversé, voire dangereux, nocif ou même toxique dans nombre d’articles, de reportages, ou de prises de parole de responsables politiques. Comment l’expliquez-vous ?

Je pense que le cas du glyphosate est vraiment un dossier sur lequel on peut parler de désinformation. Désinformation qui est organisée avec des buts qui ne sont pas nécessairement toujours affichés, quoi que ! C’est produit qui symbolise aujourd’hui une forme de l’agriculture que les militants anti-glyphosate ne veulent pas voir exister en Europe. Ils s’en prennent au glyphosate parce qu’il veulent tuer le modèle agricole actuel. Mais le sujet n’est pas le glyphosate. Le sujet c’est le modèle agricole. On est dans un débat qui est un débat sociétal, dans lequel il y a effectivement une énorme manipulation.

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Le Figaro : Si cette démonstration scientifique est implacable, comment expliquer que les pays européens, vendredi dernier, n’aient pas suivi la Commission européenne, et ne se soient pas entendus sur le renouvellement du glyphosate ? 

Le vote de vendredi dernier, a montré que les pays hostiles à une réhomologations du glyphosate étaient très faibles. Il n’y en a que trois. Il s’agir du Luxembourg, qui n’est pas vraiment un grand pays agricole, de l’Autriche pour des raisons historiques, et d’un troisième pays (NDLR :  la Croatie). 18 pays ont voté pour. L’Efsa a largement convaincu une majorité d’Etats membres. Le Danemark, la Suède, les pays nordiques en général, qui sont des pays pour lesquels la santé humaine et l’environnement comptent énormément, ont été totalement convaincus par l’avis de l’Elsa. Ces 18 pays représentent 55% de la population européenne. Simplement, dans une cas comme celui-là, la majorité simple ne suffit pas. Il faut ce qu’on appelle une majorité qualifiée. Ça veut dire 66% de la population. Il manquait donc 11% de la population. Donc, un seul pays aurait certainement suffi pour faire basculer dans la majorité qualifiée. 

Pourquoi la France s’est-elle abstenue ? 

Elle le dit clairement. La France a imposé à ses agriculteurs des restrictions nationales d’usage du glyphosate qui ne sont pas mises en place dans les autres pays de l’Union européenne. Il y a donc une distorsion de concurrence entre les pratiques agricoles françaises et ce qui est autorisé dans le reste de l’Europe. Le France souhaite que la Commission européenne impose à tous les autres pays de l’Union européenne les mêmes restrictions qu’elle a imposées à sa propre population. d’où les négociations qui ont lieu aujourd’hui entre la France et la Commission pour essayer d’obtenir un texte de compromis qui pourrait faire dire au président E. Macron qu’il fait bouger les lignes et qu’il n’y ait plus de distorsion de concurrence. C’est un jeu qui risque d’être un jeu de dupes. 

Le Figaro : Et pourquoi la France a-t-elle imposé des restrictions si le glyphosate est sans danger ? 

Ce sont des restrictions qu’on a imposées de manière politique pour faire plaisir à une frange de la population plutôt écologiste et pour récupérer leurs voix, mais qui n’ont aucune raison d’être scientifique. 

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