Très active dans la lutte anti-OGM, l’association Les Amis de la Terre véhicule une idéologie radicale, dont l’inspiration se retrouve dans l’éloge à la terre de Jean Giono et du Maréchal Pétain.
Parmi le collectif d’associations à l’origine de la journée anti-OGM organisée le 18 juin dernier, on a pu noter la présence des Amis de la Terre, une association écologique radicale qui condamne pêle-mêle énergie nucléaire, biotechnologies, irrigation, pesticides et barrages.
Depuis la fin des années 1990, l’association consacre environ 100.000 euros (20% de son budget annuel) aux campagnes contre les OGM. Les actions vont de la simple conférence de presse pour « dénoncer le secret entourant les cultures d’OGM » aux actions plus militantes (comme l’interception d’une cargaison de soja transgénique), en passant par le soutien aux opérations illégales de José Bové. Les campagnes des Amis de la Terre – nucléaire, OGM ou autres – ne reposent jamais sur une argumentation réellement scientifique, l’association agissant clairement dans le cadre d’un projet idéologique : « construire un monde alternatif. » Comme l’explique Luc Ferry dans son ouvrage Le nouvel ordre écologique (Editions Grasset, 1992), « l’écologie profonde, à la différence de l’environnementalisme de type réformiste, n’est pas simplement un mouvement social pragmatique, orienté vers le court terme, avec pour but de stopper l’énergie nucléaire ou de purifier les cours d’eau. Son objectif premier est de remettre en question les modèles de pensée conventionnels dans l’Occident moderne et d’y proposer une alternative.»
Pour mieux comprendre le fondement idéologique des Amis de la Terre, analysons les propos d’Alain Hervé, co-fondateur avec Brice Lalonde de l’association. Ces propos sont régulièrement publiés dans la revue L’Ecologiste, éditée par le milliardaire anglo-français Edouard Goldsmith.
Dans le numéro d’avril-mai-juin 2005, Alain Hervé évoque tout son attachement à notre planète, qui « a encore quelques milliards d’années à circuler dans l’espace avant que son encombrant voisin le soleil ne vienne la brûler. » Cet ultime rendez-vous signifie également pour lui la fin de toute forme de vie. En effet, il est hors de question que l’homme s’affranchisse de son lien avec la Terre. Selon lui, l’aventure spatiale n’est qu’« une tentative désespérée de s’arracher [de la Terre] », et non un défi à nos limites. D’ailleurs, toute aventure est, à ses yeux, stupide. « On rencontre des hommes, et en nombre de plus en plus grand, dans tous les lieux où il n’a rien à faire. Au pôle Nord et en route pour la Lune. Ces enfantillages auraient pu ne jamais sortir des livres de Jules Verne », déclare-t-il, toujours dans L’Ecologiste. Selon lui, il ne nous reste donc, à l’instar du Candide de Voltaire qui décide finalement d’aller cultiver son jardin, qu’à « épandre du couvre-sol de feuilles mortes au pied de jeunes arbres » et à «cajoler la Terre.»
Cet engouement pour la Terre, Alain Hervé le partage entre autres, et de son propre aveu, avec l’écrivain Jean Giono et avec… le maréchal Pétain : « Les excellentes vertus que l’on peut emprunter à la terre furent chantées par Rousseau, Thoreau, Pétain, Mao Tse Toung, Gionio, Lanza del Vasto et plus récemment par notre ami Teddy Goldsmith » ! Or, en saluant Giono – laissons ses autres « références » de côté -, Alain Hervé sait parfaitement qu’il rend hommage à un auteur « imprégné de la nature sauvage », qui aime « les hommes de la terre, les paysans, mais pauvres, [car Jean Giono] abhorre le monde industriel et la modernité, se réfugiant dans un univers mythique et figé. » (Philippe Gut, L’Humanité, 31 juillet 1995 )
Ce monde « mythique et figé », c’est également celui que décrit Teddy Goldsmith, l’actuel gourou de l’écologie radicale. « Tandis que nos ancêtres n’avaient pas de difficultés à comprendre leur rapport avec le monde vivant, nous n’avons aucun moyen de comprendre nos relations avec le monde artificiel que nous avons créé », analyse-t-il dans son livre Le Tao de l’écologie. « Il nous faut donc lutter pour affaiblir systématiquement les principales institutions du système industriel – l’Etat, les firmes géantes et la science et la technologie qu’elles mettent à profit pour transformer la société et le monde naturel », poursuit-il, car « si nous voulons survivre sur cette planète, il faut nous inspirer des sociétés traditionnelles : vivre dans des villages presque autosuffisants, se consacrant à la production de leur propre nourriture et à la manufacture d’objets techniquement simples.»
Dans ces conditions, pourquoi en effet vouloir s’ennuyer à développer des OGM ?