Monsieur 30.000 euros prône la sobriété
Après la publication en avril 2004 de son best-seller Le Syndrome du Titanic, vendu à 160 000 exemplaires, Nicolas Hulot a récidivé en octobre 2005 avec Graines de possibles. Cet ouvrage se présente comme une confrontation d’idées entre « le baroudeur médiatique » et « le Saharien frugal » Pierre Rabhi, chantre de la décroissance.
Sur un ton évidemment apocalyptique, Nicolas et Pierre expliquent pêle-mêle les raisons pour lesquelles « le mode de vie urbain est aliénant pour l’être humain », la technologie est « un grave accident » et l’agriculture moderne, « l’une des plaies sanitaires environnementales de notre pays ». Les deux hommes se demandent d’ailleurs si « les dommages produits par le progrès [ne sont pas] plus élevés que les bénéfices qu’on en a retirés », et s’ils ne devraient pas ensemble « organiser une sorte de “lobby des consciences” » afin de modifier le comportement des individus. Car pour éviter la fin du monde, il faut que les êtres humains comprennent rapidement la nécessité d’un « comportement moins dispendieux ».
Pour Nicolas, le globe-trotter, « le consommateur doit encourager prioritairement les produits de proximité ». Pierre, lui, estime qu’il faut « s’affranchir de la dépendance pétrolière » et préférer « les petites fermes à traction animale ». Il est vrai que le père de l’agro-écologie, adepte du philosophe autrichien Ivan Illich, a vécu treize ans sans électricité : « Nous nous éclairions à la bougie, nous n’avions pas de téléphone et nous avons appris à faire beaucoup d’économies ». Aujourd’hui, il « roule en voiture, voyage en avion pour [ses] programmes de solidarité internationale et s’éclaire à l’électricité nucléaire ». Il possède même – comble de l’hérésie – « des machines agricoles pour travailler la terre » !
De son côté, le réalisateur de l’émission TV Ushuaïa avoue sans honte que s’il était « un enfant matérialiste », il demeure « encore un mauvais élève ». Selon le directeur général adjoint de TF1 Entreprises, Hubert Taieb, l’émission de l’apôtre de l’écologie coûte en effet la bagatelle d’1 million d’euros par épisode, ce qui en fait de loin l’une des productions les plus onéreuses de la chaîne privée. Rémunéré par la filiale de TF1 Yagan Productions, Nicolas Hulot touche encore aujourd’hui la modique somme de 30 000 euros par mois pour sa prestation d’animateur ! Visiblement, il est plus facile de changer ses habitudes sur le papier…
Graines de possibles
Regards croisés sur l’écologie
Nicolas Hulot – Pierre Rabhi
Editions Calmann-Lévy
Prix 18,5 euros – septembre 2005