Dans son édition du 25 juillet 2007, Le Canard Enchaîné avait ouvert la polémique sur l’âge de Franska, « l’ours de Slovénie ramenée en 2006 en France dans les bagages de l’ex-ministre de l’Ecologie Nelly Olin, avec quatre autres congénères ». Une dent perdue par l’animal avait en effet révélé que le plantigrade n’était pas âgé de sept, mais de dix-sept ans. « Traduction : Franska serait une vieille ourse ménopausée qui ne pourrait plus donner naissance à des petits Winnie oursons », expliquait l’hebdomadaire satirique. Embarrassée par cette information, la nouvelle secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, était intervenue le jour même pour préciser que, contrairement aux propos du journal, Franska pourrait avoir des petits toute sa vie, c’est-à-dire jusqu’à 20 ou 30 ans. Ouf, il lui restait donc encore quelques années pour se reproduire.
En revanche, ce qui est certain, c’est que les seize années passées dans sa Slovénie natale ont donné à Franska des habitudes qui ont bien dérouté les prévisions de nos experts ès plantigrades. « Elle boude la montage et nettoie allègrement la plaine », explique Le Canard Enchaîné. En outre, pas l’ombre d’un ourson en vue, alors que c’était pour se reproduire qu’elle avait été introduite en France. Pire, pour son petit plaisir, elle étripe brebis à la chaîne, sans même les manger, suscitant la fureur des éleveurs de la région, déjà passablement énervés par le plan de réintroduction des ours.
Louis Dollo, journaliste à Lourdes-Infos, rappelle dans une chronique du 25 juillet 2007 que ce n’est pas la première fois que les « apprentis sorciers pro-ours de l’Equipe Technique Ours (ETO) nous font le coup. » Il y a quelques années, l’ours Papillon, âgé de plus de 20 ans, avait été confondu avec un jeune ours, ce qui lui avait valu de recevoir une forte dose d’anesthésiant pour sa capture, le 23 avril 2004. Celle-ci avait été réalisée « à partir des informations des spécialistes [de l’ETO – MM. Quénette et Camara], explique le journaliste, qui poursuit : « elle a conduit à une mort par surdose d’anesthésiant ». Et de conclure : « Le seul avenir pour Franska est dans un zoo ».
« Pas question de mettre les ours dans un zoo », a rétorqué Nathalie Kosciusko-Morizet, qui n’estimait pas le comportement de Franska « atypique ». Georges Azavant, conseiller général d’Argelès-Gazost et président du Parc national des Pyrénées, a pour sa part reconnu que « des erreurs [avaient] été commises en réintroduisant Franska, dont le comportement est inhabituel, sur des zones qui ne sont pas toujours adaptées. » Il ne croyait pas si bien dire : quelques jours après sa déclaration, le 9 août, Franska a été tuée, percutée par deux voitures, dans un accident qui n’a heureusement pas provoqué de victime humaine. La scène, qui a eu lieu à 3 km au sud de Lourdes, a immédiatement ravivé la polémique. Ainsi, pour les pro-ours les plus radicaux, « sa mort a été provoquée par les bergers. Ils l’ont traqué certainement jusqu’à ce qu’elle file vers la route », tandis que pour Bernard Moules, secrétaire général de la FDSEA de Midi-Pyrénées, « si on nous avait écoutés, Franska vivrait des jours heureux en Slovénie ».
Après la mort de l’ourse Palouma le 31 août 2006 (voir A&E FLASH : Qui est responsable de la mort de Palouma), celle de Franska représente un rude échec pour les partisans de la réintroduction des ours dans les Pyrénées. Comme le note un internaute : « Avez-vous regardé sur une carte détaillée où l’ourse s’est faite écraser ? A 3 kilomètres au sud de Lourdes ! Lourdes : 15 000 habitants, 420 m d’altitude. Comment se fait-il que personne ne soit intervenu avant pour ramener l’ourse dans la montagne ? Car on nous assure que son collier donnait ses coordonnées. S’il y avait eu mort d’homme, les (ir)responsables de cette réintroduction auraient pu être poursuivis pour homicide par imprudence. Ils sont à mon avis responsables de l’accident et doivent en rendre compte ».