AccueilBiotechnologiesLe Prince Charles , les OGM et le « green washing »

Le Prince Charles , les OGM et le « green washing »

Est-ce « pour échapper au rôle de potiche dans lequel une bonne partie de la classe politique britannique aimerait le cantonner », comme l’explique Marc Roche dans Le Monde du 15 août, que le prince Charles s’en est pris aux organismes génétiquement modifiés dans une interview controversée accordée le 13 août au plus grand quotidien conservateur britannique, le Daily Telegraph ? Ou bien l’héritier du trône d’Angleterre s’est-il livré à une subtile tentative de diversion suite aux accusations de « blanchiment vert » de ses revenus, parues dans la presse anglaise après la publication le 30 juin dernier du rapport concernant les finances de Son Altesse ? Ce rapport révèle en effet que le prince de Galles a perçu la modique somme de 21,12 millions d’euros de revenus au cours de l’année fiscale 2007/08, contre 19,8 millions l’année précédente. Sur cette somme, il a reversé 4 millions d’euros à titre d’impôts. Or, ce montant est précisément le même que l’année précédente, alors que ses revenus ont augmenté de 1,32 millions d’euros. D’après un article publié le 1er juillet 2008 dans The Independent, « une partie de cette réduction d’impôts a été réalisée grâce à la conversion au biodiesel de sa gamme de Jaguar, d’Audi et de Range Rover ». Même sa célèbre Aston Martin DB6 cabriolet – offerte par sa mère pour ses 21 ans et avec laquelle ce fervent croisé de l’écologie circule sur les routes de son domaine à raison d’une moyenne de 500 kilomètres par an –, a subi sa conversion verte. Aujourd’hui, son bloc de six cylindres tourne au bioéthanol E100, produit à partir de… vin blanc ! Cette transformation a permis au prince une petite ristourne fiscale, que ce dernier préfère attribuer à son souhait de « diminuer son empreinte écologique » et à son souci de trouver une solution au surplus de vin britannique ! Comme quoi on peut apprécier les belles voitures tout en restant sensible à l’environnement et en étant très attentif à ses revenus.

Mieux, on peut même posséder un domaine de 52.000 hectares, bénéficier de 400.000 euros de subventions européennes et défendre les petits paysans ! Avec les OGM, « nous finirons avec des millions de petits paysans du monde entier chassés de leurs terres en direction de villes tentaculaires, d’une horreur indicible, dégradées, ingérables, insoutenables et non fonctionnelles », prédit le militant écolo-aristocrate, qui pour sa part préfère la vie de château. « Dépendre de groupes gigantesques pour la production alimentaire » est une très mauvaise chose, estime-t-il. Il est vrai que depuis l’année dernière, la chaîne de supermarchés britanniques Sainsbury’s refuse les carottes bio produites par Son Altesse, estimant que les princiers légumes n’étaient pas conformes aux standards de qualité requis. Du coup, le prince Charles souhaite s’implanter en Inde afin de quadrupler le chiffre d’affaires de son groupe bio-alimentaire Duchy Originals, qui s’élève déjà à 50 millions de livres.

Empochant en outre chaque année 2,4 millions de livres du gouvernement britannique, il peut par ailleurs faire preuve d’une certaine générosité avec les bénéfices de Duchy, qu’il reverse… à sa propre fondation, laquelle regroupe plusieurs de ses œuvres « caritatives ». Noblesse oblige, le caritatif est une pratique usuelle chez les Windsor. Son Altesse reste ainsi fidèle à la tradition familiale, tout en réduisant encore ses impôts, qui ne s’élèvent au final qu’à 18 %. De quoi laisser suffisamment d’argent au prince Charles pour acheter son panier de nourriture bio… et militer contre les OGM aux côtés de Greenpeace, des Amis de la Terre et du WWF, association dont son père est le président d’honneur.

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