Visiblement, le Haut conseil des biotechnologies (HCB) n’a pas l’intention de laisser dire tout et n’importe quoi au sujet de son travail d’expertise ! Suite à une virulente critique formulée par Corinne Lepage sur le site Internet de Novethic, concernant le dernier avis du HCB sur les travaux du Pr Séralini, Jean-Christophe Pagès et Jean-Jacques Leguay, respectivement président et vice-président du comité scientifique (CS) du HCB, ont remis l’église au milieu du village. « Nous entendons que nos avis ne soient pas caricaturés ou déformés », soulignent les deux signataires d’un courrier adressé le 11 janvier 2009 à Jean-Pierre Sicard, responsable de Novethic.
Rappelant que l’article de MM. Séralini et Spiroux de Vendômois a été publié dans une revue « certes internationale, mais que l’on peut difficilement qualifier de « grande », étant donné qu’elle n’est pas cotée par le seul système actuellement reconnu par la communauté scientifique et les organismes d’accréditation de l’État », MM. Pagès et Leguay récusent en bloc les critiques de l’avocate anti-OGM, et notamment le fait que « le conseil scientifique [aurait] accepté un cahier des charges biaisé s’agissant des évaluations menées ». « Bien évidemment que nous n’avons pas de “cahier des charges“ ! », rétorquent les deux experts du HCB. « De l’ensemble des données de l’article de J. Spiroux de Vendômois et collaborateurs, il n’est pas possible de conclure à une quelconque toxicité ; c’est ce que nous notons dans la conclusion de notre avis », indiquent-ils.
Fidèle à son habitude de mettre en cause l’intégrité des experts qui ne partagent pas son opinion, Corinne Lepage s’est acharnée sur le comité scientifique du HCB, comme elle le fit jadis contre le Comité du génie biomoléculaire dirigé par le Pr Marc Fellous, contre l’Afssa ou encore contre l’Aesa. « Sur les 24 membres du conseil scientifique, 20 seraient ouvertement pro-OGM, selon elle », écrit Véronique Smée dans Novethic. Réponse du HCB : « Enfin, pour ce qui est de la composition du “conseil“ (sic !), nous tenons à apporter les précisions suivantes : tout d’abord notre comité est composé de 35 membres et non de 24. De plus, que des membres du CS soient des acteurs scientifiques dans la recherche sur les OGM est logique et nécessaire pour que l’expertise soit pertinente, cela n’altère en rien l’acuité de leur regard critique et ne peut en aucun cas être interprété comme une “prise de position en faveur des OGM“ ». Les deux auteurs du courrier notent également que « sur les 35 membres du CS, aucune position divergente ne s’est exprimée dans cet avis ». En clair, pas un seul expert du HCB – dont fait pourtant également partie le statisticien Marc Lavielle, connu pour être plutôt réservé en ce qui concerne les biotechnologies végétales – ne partage la position angoissée du Pr Séralini…
Enfin, le HCB conclut : « Nous avons bien conscience que les OGM suscitent des réactions passionnées, ce qui est normal dans notre société démocratique. Dans ce débat, la place du Comité scientifique du Haut conseil est particulièrement bien définie par la loi. Notre difficile mission est de donner des informations scientifiquement établies sans masquer les incertitudes lorsqu’elles existent, et sans tabous ; lesquelles deviennent un support à la prise de décision par les autorités administratives. Dès lors, nous entendons que nos avis ne soient pas caricaturés ou déformés ».
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