Chaque mois, le journal La Décroissance décerne son prix d’écotartufe. La victime du mois de mars 2010 n’est autre que la navigatrice Isabelle Autissier. Vincent Cheynet, rédacteur du journal, lui reproche que sa notoriété soit « liée à ses exploits réalisés dans un loisir réservé à une poignée d’ultra-riches ». C’est à travers ses déplacements sur « des bateaux hyper polluants à construire et sponsorisés par des multinationales qui le sont plus encore » que la navigatrice est devenue une spécialiste de la planète, note Vincent Cheynet. « Un peu comme Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot, devenus des spécialistes de l’écologie en parcourant la planète à bord de motos, de 4×4 ou d’hélicoptères pour le Paris-Dakar, ou en polluant les mers sur des hors-bords pour réaliser des reportages pour les chaînes de télévision qui “préparent le cerveau pour Coca-Cola“ », ironise le Décroissant en chef, qui poursuit : « Elle a l’air gentille, “sympa“, décontractée. On dirait Nicolas Hulot en femme. »
Cette navigatrice du grand large possède de multiples étiquettes : vice-présidente du Grenelle de la mer, membre du Conseil consultatif des TAAF (les Terres australes et antarctiques françaises), administratrice de la Fondation de France et de la Fédération internationale des ligues des Droits de l’homme, chroniqueuse sur France Inter… Depuis le 23 décembre 2009, Isabelle Autissier vient d’ajouter une nouvelle casquette à cette collection : présidente de la branche française du WWF. Interrogée par Futura-Science, dont elle est marraine, elle a révélé ses grandes priorités pour 2010 : « En France, un des problèmes les plus importants est celui de l’eau et, notamment, des pesticides, pour lesquels le pays est champion du monde. » Consciente de l’urgence de la situation, la nouvelle présidente du WWF ne compte pas seulement protester. Il faut également proposer : « Nous devons aller vers une agriculture raisonnée, vraiment raisonnée, qui sera sans danger pour l’environnement et qui fera vivre l’agriculteur. » On reste pantois devant la finesse de l’analyse…
Isabelle Autissier admet d’ailleurs que le monde est complexe : « La biodiversité, c’est compliqué. » « La réduction du réchauffement est une affaire complexe et longue. » Toutefois, la présidente du WWF a une conviction forte. « Ce n’est pas en se réveillant en 2099 qu’on réussira », a-t-elle indiqué avant de reprendre le large. Car sa vie, « c’est de faire du bateau ». Conséquence : depuis le 3 janvier 2010, elle navigue dans les eaux de l’Antarctique à bord de son voilier Ada 2, accompagnée de trois marins et de trois alpinistes « à la découverte de la nature ». Pour les intéressés, le site du WWF permet de suivre cette nouvelle aventure baptisée « No Man’s Land Project 2010 ». Occasion de faire un peu de publicité pour l’opération « Adoptez Théodora l’ours polaire ». Pour 40 euros, le WWF propose en effet un « ours en peluche (18 cm environ), un poster qui vous en dit plus sur les ours polaires, un certificat d’adoption, un poster d’information sur les espèces emblématiques du WWF et un bulletin d’adoption durable ». Chiche que le WWF proposera bientôt un livre : « Les aventures antarctiques d’Isabelle Autissier, notre bienfaitrice et sympathique présidente » !