Parmi les associations qui constituent la grande nébuleuse verte, France Nature Environnement n’est certainement pas celle qui dispose de la plus grande notoriété. Pourtant avec un budget annuel de 2,7 millions d’euros, elle n’est pas la plus pauvre. Particulièrement engagé dans le Grenelle de l’Environnement, elle reste encore très mobilisée pour son articulation, car tout échec du Grenelle ne peut que nuire à son image, déjà passablement écorchée. « À l’époque [du Grenelle], les “négociateurs” de FNE étaient considérés par les autres associations comme de simples faire-valoir du pouvoir. C’est un fait. L’antienne était que la proximité entre le ministère de Borloo et FNE était complète, totale. Indécente même », écrit ainsi le journaliste écolo Fabrice Nicolino sur son blog. Une lettre, datée du 23 février 2009 et adressée par Eau et rivières de Bretagne (ERB) à FNE, témoigne du grand écart entre les responsables parisiens de FNE et une partie de sa base régionale. « Notre conseil d’administration s’interroge sur la promiscuité grandissante entre FNE, la FNSEA, et les tenants de l’agriculture raisonnée : présence largement médiatisée de JC Bevillard [ chargé de mission de FNE] le 21 février aux côtés du Ministre de l’Agriculture et du Président du réseau FARRE au lancement de Terres 2020, présence de deux représentants de la FNSEA (P. Ferrey, R. Bailhache) au prochain congrès, mais par contre… absence de tout représentant de l’agriculture durable et biologique à ce congrès ! », peut-on y lire.
Ce qui explique le climat délétère interne de FNE, qui ne s’est pas amélioré depuis. Les membres dirigeants de l’association au logo à l’hérisson rouge ont donc décidé de réagir. Profitant de l’édition 2011 du Salon de l’agriculture, FNE se lance dans une campagne publicitaire aussi provocante qu’excessive (et financée notamment par l’argent des contribuables). Images chocs, tel un épi de maïs transformé en revolver, ou un enfant jouant dans une mer d’algue verte, FNE n’a rien trouvé de mieux que de se « payer » l’agriculture. En revanche, pas un mot sur l’élargissement de la taxe générale sur les activités polluantes aux assiettes et les couverts, en plastique ou en carton non recyclables… et qui a été enterrée dans le silence le plus absolu de FNE ! Rien sur le nucléaire ni sur les ondes électromagnétique ; des sujets sur lesquels son principal donateur, le ministère de l’Environnement (qui pèse 39 % de son budget, selon le site Ecolopedia), ne souhaite surtout pas de polémique… et qui n’est donc jamais évoqué par la direction parisienne de FNE. Calmer une base désorientée sans mettre à défaut le ministère de l’Ecologie, tel était très visiblement le cahier de charge de sa dernière campagne.
Une telle radicalisation de son discours fera assurément plaisir aux éléments les plus extrémistes de FNE. En revanche, ce n’est certainement pas la meilleure manière de créer un climat de confiance avec ses partenaires du Grenelle. Certains responsables agricoles envisageraient de ne plus siéger aux groupes de travail en présence d’un représentant de FNE… On les comprend !
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