À peine une année de mobilisation a été nécessaire à la multinationale verte Greenpeace pour mettre à genoux le numéro un de la grande distribution en France, E. Leclerc. Actée dans une tribune publiée sur le site du Huffington Post, cette capitulation pathétique témoigne de la force de frappe médiatique du lobby écologiste. Quelques actions bien ciblées (comme le blocage de la centrale d’achats Socamil ou la manifestation d’une poignée de militants devant un magasin à Landerneau) ont suffi à faire plier Michel-Édouard Leclerc, dont le discours bobo-écolo ressemble désormais à celui du patron de Générations Futures, François Veillerette.
Le discours écolo de Michel-Édouard Leclerc
« Je déclare la guerre aux pesticides dans mes magasins », explique Michel-Édouard Leclerc sur son blog. Le patron de l’enseigne de grande distribution reprend à son compte la terminologie des écologistes : « Les adhérents É. Leclerc pas plus que les militants de Greenpeace ou les lecteurs de l’UFC Que Choisir ne veulent consommer des fruits et légumes gavés de pesticides ». Bigre ! Est-ce à dire que jusqu’à présent, il aurait vendu des fruits et légumes « gavés de pesticides » ? Les producteurs français apprécieront… D’autant plus que la réalité est bien différente. Comme en témoignent les multiples enquêtes réalisées par l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa), les fruits et légumes que l’on trouve sur les étals sont parfaitement sains. La dernière enquête, rendue publique en 2015, indique un taux de conformité de plus de 97 % avec des productions présentant des niveaux de résidus en dessous des limites européennes légales. Faut-il rappeler à Michel-Édouard Leclerc que sur un total de 80 967 échantillons de produits alimentaires transformés et non transformés, 54,6 % ne contenaient aucun résidu détectable ? Autrement dit, pour ces produits, il n’y avait aucune différence avec les produits issus de l’agriculture biologique.
Rien ne justifie donc le discours anxiogène que tient désormais le patron des Centres Leclerc.« On est tous touchés par des gens dans notre famille qui ont des cancers que des scientifiques et des médecins attribuent à un surcroît d’utilisation de pesticides, par exemple dans la vigne », a-t-il martelé sur LCI le 15 décembre 2016. « Avec mes collaborateurs, avec des patrons des Centres Leclerc, nous avons été voir des scientifiques et leur diagnostic est très clair : la norme française est en retard. Elle est la résultante d’un compromis à l’Assemblée nationale entre des revendications corporatistes. La préoccupation santé n’est pas prioritaire. Il faut donc prendre les devants. Les scientifiques nous disent que la recherche va beaucoup plus vite que les normes, et surtout – et cela est tout à fait nouveau –, hier la norme visait à aller aux priorités, c’est-à-dire à supprimer les pesticides les plus dangereux. Aujourd’hui, les chercheurs nous expliquent que l’addition de petites quantités, même résiduelles, finit par avoir un effet sur la santé. » François Veillerette n’aurait pas dit mieux !