AccueilEditoLa tentation écologiste mortifère d’Emmanuel Macron

La tentation écologiste mortifère d’Emmanuel Macron

Pendant que le président Macron est occupé à concentrer sa stratégie en vue des élections européennes de 2019 sur le thème de l’opposition au nationalisme, par crainte que la liste de Marine Le Pen ne lui ravisse la vedette, il semblerait que, dans les couloirs de l’Élysée, on se préoccupe davantage de la menace écologiste. « Actuellement, les écologistes réalisent des scores importants en Europe, en érigeant en priorité la défense de l’environnement », observe le député de La République en Marche (LREM) Aurélien Taché. De son côté, Hugues Renson, député LREM et vice-président de l’Assemblée nationale, met en garde l’exécutif contre ce « vote refuge ». « Il y a toujours eu, lors des européennes, un jeu de vases communicants entre les écolos et le parti socialiste», note pour sa part Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop.

Afin d’éviter qu’Emmanuel Macron en fasse les frais, l’Élysée doit donc porter l’enjeu de l’écologie aux européennes, selon la députée LREM Laetitia Avia. D’autant que, affirme le directeur général délégué d’Ipsos, Brice Teinturier, « depuis l’été, l’enjeu écologique remonte vite et fort dans les préoccupations quotidiennes ». Les deux manifestations pour le climat, le 8 septembre et le 13 octobre derniers, ont en effet rassemblé des dizaines de milliers de personnes. Sur les réseaux sociaux, la vidéo de 62 youtubeurs intitulée « On est prêt » a fait un véritable tabac, dépassant le million de vues. Bref, tout le monde s’accorde pour dire que les Français ont compris que « la problématique environnementale » serait cardinale. Au sein des populations urbaines, en tout cas, qui sont toujours très sensibles aux discours apocalyptiques ambiants.

Cela explique le positionnement idéologique du président Macron, qui se montre prêt, faute d’avoir trouvé une autre tactique, à faire le sacrifice de l’agriculture française pour une poignée de votes écolos : interdiction du glyphosate, interdiction du métam-sodium, interdiction des néonicotinoïdes, frein au développement du secteur industriel lié aux semences et aux produits phytosanitaires, délocalisation de la recherche, destruction du modèle actuel de vente et de conseil des produits phytosanitaires, augmentation de 10 % du coût de la main-d’œuvre saisonnière d’ici 2021… La liste des condamnations qui fragilisent la compétitivité de l’agriculture française n’a jamais été aussi longue, et la délocalisation de nos productions agricoles aussi imminente.

Toutefois, ainsi que le rappellent les spécialistes de l’opinion, si l’on s’éloigne des centres urbains habités par les classes aisées, pour rejoindre les catégories sociales populaires de la France dite «profonde», de la France rurale, La France des gilets jaunes qui se lève tôt et se sent laissée-pour-compte, c’est bien le pouvoir d’achat qui reste la priorité absolue. Là, « l’enjeu environnemental passe après l’urgence quotidienne », remarque Brice Teinturier. En l’absence d’une réelle prise en compte de cette «urgence quotidienne», à savoir sans une sortie rapide de ce populisme anti-pesticides et anti-agriculture qui semble devenu le marqueur écolo d’Emmanuel Macron, et qui va entraîner à terme une catastrophe économique dans le pays, on gage que la stratégie élaborée par les conseillers du président l’amènera inévitable- ment à se fracasser contre le mur de la réalité. Comme tous ses prédécesseurs…

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