L’épidémie du coronavirus est l’occasion pour certains d’imaginer les théories conspirationnistes les plus loufoques. Exemple avec le patron de Kokopelli
Parmi les théories complotistes, celle revendiquée par Ananda Guillet, le président de l’association Kokopelli, qui a connu son heure de gloire lors d’une émission d’Élise Lucet, où il est apparu en héros guerroyant contre l’industrie de la semence, est plutôt sidérante.
Celui-ci a diffusé sur sa page Facebook un article d’un certain Peter Koenig intitulé « La pandémie de coronavirus COVID-19 : Le vrai danger est “l’Agenda ID2020”». Un concentré de délires où l’auteur n’hésite pas à affirmer que « le virus a été amené à Wuhan de l’extérieur, très probablement d’un laboratoire de guerre biologique aux États-Unis ».
À lire aussi : L’origine des fausses affirmations concernant le prétendu lien entre coronavirus et perte de biodiversité
Dans le monde fantasmagorique de Koenig, cautionné par le président de Kokopelli, l’OMS aurait en effet « reçu des ordres “d’en haut”, de ceux qui gèrent également Trump et les “dirigeants” de l’Union euro-péenne et de ses pays membres ».
Ces comploteurs invisibles, entendez « les Gates, Rockefellers, Rothschilds et autres », souhaiteraient ainsi imposer la « mise en œuvre de l’agenda ID2020 ». À savoir « une campagne de vaccination universelle assortie d’un puçage électronique» au service de GAVI, « une association de produits pharmaceutiques promouvant la vaccination ». Et de prétendre que « cette vaccination est déjà mise en application, cette année, au Bangladesh, la première nation cobaye de cette entreprise génocidaire et criminelle ».
Tel fils, tel père
Comme la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, Dominique Guillet, père d’Ananda et fondateur de Kokopelli, partage cette vision conspirationniste en poussant le délire jusqu’à des régions stratosphériques. Ainsi, le « gourou » des semences de ferme affirme le plus sérieusement du monde que le Covid-19 n’existerait pas. Pas plus, d’ailleurs, que le virus de la grippe espagnole ni du VIH.
« La pneumonie bactérienne constituait l’infection première et le virus H1N1 de la “Grippe Espagnole” n’a jamais existé », martèle ainsi Dominique Guillet, expliquant les millions de morts recencés par la distribution… d’un « sérum toxique » développé par l’Institut Rockefeller pour la recherche médicale de New- York ! Et ce n’est pas tout. « Il est fort probable qu’une partie des décès, lors de la pandémie de 1918/1920, puisse être attribuable à l’usage inconsidéré de l’aspirine », ajoute Guillet, qui résume la grippe espagnole à une « grande arnaque » et « un avant-goût de la seconde arnaque du siècle dénommée pandémie Covid/2019 sévissant en 2020, juste 100 années après la fin de ladite “Grippe Espagnole” ».
Une haine incommensurable
Dans un autre texte, intitulé « La Pharmacratie Orchestre un Holocauste Vaccinal Universel au Sein des Nations Transformées en Camps de Concentration et de Confinement », Dominique Guillet se fait l’admirateur du professeur Didier Raoult, devenu à son corps défendant le héros des complotistes de tous bords. « Le professeur Didier Raoult est non seulement un iconoclaste, mais il est persuadé que le Réchauffement Climatique Anthropique (Trade Mark) constitue une énorme baudruche de plus », se félicite Dominique Guillet, lui-même climato-sceptique convaincu.
Mais si le professeur de Marseille a la cote auprès de Guillet, c’est surtout en raison de sa prise de position sur les vaccins : « Il m’est d’autant plus sympathique qu’il s’est opposé, publiquement, au nouveau décret génocidaire du 1er janvier 2018 instituant un programme généralisé de vaccinations génocidaires pour tous les nourrissons de France. » Attitude qui convient parfaitement à Guillet, qui se proclame haut et fort « un anti-vaccinaliste primaire, secondaire, intégral et viscéral ». Et il enfonce le clou : « Je vais, de nouveau, clamer ma haine incommensurable vis-à-vis de tous les criminels vaccinalistes génocideurs de la Pharmacratie et de tous leurs Valets d’État corrompus jusqu’à la moelle. »
L’holocauste universel et les Tzaddik
Au bout du compte, le « complot » – ou plutôt le «génocide vaccinal» révélé par Guillet – se résume à un « Holocauste Universel » dans un bouquet final : « Depuis près de deux siècles, cet Holocauste Universel a été orchestré par une poignée de criminels déments, psychopathes et génocidaires afin de brûler, de consumer, de léser, d’oxyder, de cancériser, de mutagéner, les tissus organiques des animaux humains. […] Les vecteurs de cet Holocauste sont, premièrement, et fondamentalement, les vaccins et, ensuite, tous les poisons pharmaceutiques, les poisons agricoles, les poisons industriels, les poisons radioactifs, les poisons chimériques, les poisons électro-magnétiques, etc., etc.»
Rares sont les théories du complot qui échappent à l’antisémitisme, et celle de Dominique Guillet ne fait malheureusement pas exception, comme en témoigne la logorrhée antisémite déversée dans ses textes.
Ainsi, les « Tzaddik » – terme employé dans le judaïsme pour nommer les justes – qui ne vaccinent pas leurs enfants, seraient en réalité les véritables maîtres du monde, ceux qui « gardent le troupeau – à savoir, les Goyims, les Nations, les troupeaux humains ». « Les Tzaddik vaccinent-ils leurs enfants Élus, et non-Goyims ? Bien sûr que non », souligne Guillet, qui espère que le salut viendra de ceux qui ont « eu la chance d’échap- per à la circoncision pour les mâles et à l’excision du clitoris pour les femelles »…