Gil Rivière-Wekstein a recueilli le témoignage de Mathieu, agriculture vendéen, sur l’absurdité de l’interdiction du glyphosate en 2022.
Pourrais-tu expliquer dans quel contexte tu utilises le glyphosate ?
Mathieu : j’utilise le glyphosate essentiellement lors de mes présemis au printemps. Je fais des préparations de sol assez précoces pour pouvoir faire lever des mauvaises herbes précocement que je détruis chimiquement au glyphosate pour pouvoir implanter mes cultures dans des sols propres et notamment diminuer ma quantité d’herbicides de prélevée ou de post levée au printemps.
Plutôt que d’utiliser du glyphosate, tu pourrais faire du labour, non ?
Mathieu : le problème c’est que si je n’utilise plus de glyphosate, je vais augmenter mon nombre de passages de travail du sol au printemps en le multipliant par 2 ou par 3. Donc augmenter ma consommation de carburant fortement. Ce qui n’est pas du tout le cas quand on passe au glyphosate on détruit, assez rapidement, et efficacement toute adventice qu’on peut trouver au printemps.
Si on interdit le glyphosate, des conséquences sont à prévoir sur ton usage du carburant, cela serait beaucoup moins bon pour le climat parce que tu vas dégager plus de gaz à effet de serre ?
Mathieu : Je vais non seulement dégager plus de gaz à effet de serre. Je vais passer beaucoup plus de temps dans mes parcelles et aussi, je pense, en intervenant mécaniquement sur le sol détruire une certaine faune qu’il pourrait y avoir et que je peux préserver aujourd’hui en passant avec d’autres manières.
Donc, finalement l’idée d’Emmanuel Macron d’interdire le glyphosate d’après toi c’est plutôt une mauvaise idée ?
Mathieu : Au niveau de nos pratiques agricoles, l’interdiction du glyphosate va compliquer beaucoup de choses. Et, au niveau environnemental, je pense qu’on n’est pas forcément dans ce qu’on pourrait imaginer.