AccueilDécryptageL’Église de scientologie et la bataille juridique contre le Roundup

L’Église de scientologie et la bataille juridique contre le Roundup

Parmi les forces hostiles au glyphosate, figurent de façon assez inattendue des avocats liés à l’Église de scientologie. Décryptage

S’il est désormais établi qu’il n’y aurait jamais eu d’affaire «glyphosate» sans l’impulsion décisive donnée par quelques grands cabinets d’avocats américains, on connaît beaucoup moins, en revanche, l’implication de certains membres de l’Église de scientologie dans ce dossier.

Or, comme l’a révélé le site d’information Genetic Literacy Project dans un article publié en juin dernier, l’un des cabinets les plus impliqués dans les procès contre le Roundup – Baum, Hedlund, Aristei & Goldman – a été fondé par des avocats membres de l’Église de scientologie. Michael L. Baum, son fondateur, et l’un de ses partenaires, Brent Wisner, sont en effet des membres actifs de la secte, depuis cinquante ans pour le premier et trente pour le second. « Selon des documents publiés sur Internet, Brent Wisner est membre depuis au moins 1992 », précise Genetic Literacy Project, qui révèle que le père de Brent, Michael Wisner, est lui-même adepte de longue date de la scientologie. Ce dernier, spécialiste de « santé environnementale », multiplie les publications et les vidéos pour des programmes de détoxification visant à débarrasser le corps des différents types de polluants.

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Selon la revue Super Lawyers, qui a mis Brent Wisner à sa une en mai 2021, Michael Wisner aurait suggéré à son fils, il y a huit ans, de prendre contact avec son « vieil ami, Michael L. Baum ». « Notre toute première impression a été qu’il faisait partie de la famille et qu’il avait sa place parmi nous », se souvient Michael L. Baum. Lequel est en effet membre de la secte depuis les années 1970.

On retrouve également Wisner, tout comme son boss Michael L. Baum, dans des opérations de lobbying menées en Europe

Il est notamment connu pour avoir été un co-conspirateur non inculpé dans l’affaire « Snow White », nom de code d’une vaste opération lancée par l’Église de scientologie au cours des années 1970 pour faire disparaître les dossiers défavorables à la scientologie et à son fondateur L Ron Hubbard. Selon la stipulation de preuve acceptée par Michael Baum, celui-ci a reconnu être un « opérateur secret de la scientologie », et avoir à ce titre « cambriolé le bureau de liaison d’Interpol au ministère de la Justice à au moins trois reprises » et « fabriqué (…) de fausses accréditations IRS ».

Troublant, quand on sait que son cabinet a joué un rôle essentiel dans la mise en scène des fameux « Monsanto Papers ». Notamment en diffusant sur son site web des documents censés démontrer que l’herbicide aurait « une incidence sur la santé publique des gens ».

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Comme l’explique Brent Wisner : « La plupart des avocats ne se donnent pas la peine ou ne se soucient pas de [les diffuser] parce que cela n’a pas vraiment d’incidence sur l’affaire, mais pour nous, c’est une question d’intérêt général. » Grâce à la publication massive de ces documents, en Californie comme en Europe, le couple Alva et Alberta Pilliod, défendu par Wisner, a obtenu d’un tribunal californien, qui a estimé qu’il existait un lien entre l’usage de cet herbicide et le lymphome non hodgkiniten dont sont atteints les deux septuagénaires, la condamnation de Bayer à 2 milliards de dollars « à titre punitif ». Même si ce montant a ensuite été revu à la baisse à 86,7 millions de dollars en juillet 2019, cela n’a pas empêché la revue Super Lawyers de baptiser Wisner « The 2 Billion Dollar Man ».

On retrouve également Wisner, tout comme son boss Michael L. Baum, dans des opérations de lobbying menées en Europe. Par exemple, celle qui a consisté à alimenter l’eurodéputée Michèle Rivasi et trois autres membres du groupe Les Verts-ALE du Parlement européen en documents divers et variés. Dans un courrier adressé le 1er août 2017 à ces quatre responsables politiques, Wisner et Baum expliquaient ainsi que « ces documents sont particulièrement pertinents pour l’audition conjointe du 11 octobre prochain devant la commission de l’agriculture et la commission de la santé publique et de l’environnement du Parlement européen, qui portera sur les “Monsanto Papers” et sur la manière dont les agences européennes ont évalué le glyphosate ».

Le 5 septembre 2018, à l’invitation de Michèle Rivasi et de plusieurs autres eurodéputés écologistes, Michael L. Baum faisait une présentation à l’occasion d’une audition complémentaire sur les pesticides organisée par le groupe des Verts européens. Il était alors accompagné de Robert F. Kennedy Jr. Lequel a postfacé la version américaine du dernier livre de Gilles-Éric Séralini – The Monsanto Papers : Corruption of Science and Grievous Harm to Public Health – qui sera publiée en novembre 2021, et dont la préface a été rédigée par… Michael L. Baum !

F. Kennedy Jr. Lequel a postfacé la version américaine du dernier livre de Gilles-Éric Séralini – The Monsanto Papers : Corruption of Science and Grievous Harm to Public Health – qui sera publiée en novembre 2021, et dont la préface a été rédigée par… Michael L. Baum!

Enfin, tout comme Michèle Rivasi, Robert Kennedy Jr est l’une des stars de la mouvance antivax. À ce titre, il collabore depuis de nombreuses années avec le cabinet Baum Hedlund lors de poursuites concernant des vaccins. Ainsi, Kennedy Jr. et Baum Hedlund ont lancé un appel à tous ceux qui auraient été victimes d’effets secondaires après l’injection du vaccin Gardasil, les enjoignant de choisir leur cabinet en raison de sa « réputation solide pour avoir plaidé avec succès contre Big Pharma »…

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