À voir les agissements tous azimuts à l’encontre de la proposition de la Commission européenne de réhomologuer le glyphosate, on ne peut que faire le constat qu’une sérieuse panique s’est emparée de la nébuleuse écologiste, qui craint de perdre l’une de ses plus emblématiques batailles.
À la manœuvre, on retrouve évidemment le journaliste décroissant Stéphane Foucart, qui a sorti de son chapeau une énième étude suggérant de « potentiels risques sanitaires inattendus de l’herbicide controversé ». De son côté, Générations Futures s’agite en criant au « scandale sur l’évaluation du glyphosate ». Face à la plus robuste évaluation jamais réalisée pour un produit phytosanitaire – 180 000 pages, 32 mois d’expertise menée par 90 experts provenant de 4 agences nationales différentes –, l’association de François Veillerette brandit un document de synthèse de l’Inserm, dont les conclusions sont bien entendu connues par les experts de l’Anses et de l’Efsa.
Et voici que surgit dans le paysage médiatique la nouvelle égérie des antipesticides, Laurence Huc, chercheuse à l’Inrae et porte-parole de Scientifiques en Rébellion, qui ose affirmer que cette évaluation « ne correspond à aucun canon scientifique ». Selon ses dires, les experts de l’Efsa auraient ainsi ignoré que le glyphosate est non seulement « cancérogène chez des rongeurs » mais également un « perturbateur endocrinien », un « produit neurotoxique », une « substance néfaste pour notre microbiote », et il serait « néfaste pour les écosystèmes » car « il appauvrit les sols ; il pollue l’eau, ce qui entraîne une toxicité chez les poissons ; il pollue l’air, ce qui peut être toxique pour les abeilles… ». Bref, une sorte de multipoison qui va être autorisé uniquement pour faire plaisir à une poignée de multinationales avides de dollars ! Tout cela frise le ridicule.
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Pourtant, rien ne permet aujourd’hui d’affirmer qu’une majorité qualifiée d’États membres va accepter le texte mis sur la table. Alors que l’Allemagne, qui s’est engagée à interdire le glyphosate, pourrait s’abstenir en raison de la présence des libéraux dans la coalition, la France négocie en coulisse pour obtenir les mêmes restrictions dans ses usages que celles imposées à ses agriculteurs. « Le gouvernement français ne soutiendra pas la proposition de la Commission », menace ainsi l’eurodéputé Pascal Canfin, tandis que le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a fait savoir que le gouvernement allait pousser pour que la Commission s’inspire « de ce qu’a fait la France ». Sauf que, malgré les rodomontades de la rue de Varenne, la Commission n’a aucun moyen légal d’imposer ces restrictions aux autres États membres. Ce jeu de dupes pourrait cependant bloquer le premier vote qui aura lieu le 13 octobre, date à laquelle les 27 pays doivent se prononcer sur la proposition de la Commission.