La déclaration de politique générale prononcée par le Premier ministre Michel Barnier le 1er octobre 2024 ne fera certainement pas date dans l’histoire de France. Alors qu’une majorité de Français, lors des derniers scrutins, ont clairement exprimé leur souhait de marquer une rupture avec la politique de ces dernières années, le nouveau locataire de Matignon semble plutôt avoir choisi de poursuivre ce que le Président Macron a entrepris depuis sept ans, en y ajoutant, il est vrai, un zeste de restrictions budgétaires.
« Nous partons d’une France qui, ces dernières années, a progressé, en particulier sous l’impulsion du chef de l’État et de ses gouvernements depuis 2017 », a insisté Michel Barnier, qui retient surtout « une exigence » : réduire la « dette budgétaire » et la « dette écologique ».
Réduire la « dette écologique » est d’ailleurs une priorité qui l’a accompagné tout au long de sa vie publique et qui restera donc « au cœur » de son action. Ainsi,« la transition écologique doit être l’un des moteurs de notre politique industrielle », a-t-il annoncé, insistant sur la nécessité de « maîtriser nos besoins d’énergie en faisant preuve de sobriété et d’efficacité ». Les Verts n’auraient pas dit mieux. Quant à l’eau, sujet d’une importance capitale pour l’agriculture, il estime que le temps est venu « de consacrer aux enjeux stratégiques liés à l’eau une grande conférence nationale ». Autrement dit, le moyen le plus efficace pour renvoyer les décisions… aux calendes grecques !
Certes, Michel Barnier assure que son gouvernement reprendra « sans délai le projet de loi d’orientation » – ce qui est la moindre des choses –, et même qu’il défendra les agriculteurs à Bruxelles « pour poursuivre la simplification des règles », tout en veillant à ce que la négociation des accords de libre-échange respecte leurs intérêts. Voilà qui va sans aucun doute radicalement transformer la vie de nos agriculteurs. Et en même temps, il se félicite d’avoir soutenu le plan Écophyto, alors qu’on aurait plutôt espéré de sa part un mea culpa sur ce dossier, tant ce plan s’est révélé, à l’usage, incarner l’une des causes majeures du manque de compétitivité de l’agriculture française.
Bref, cette déclaration de politique générale manque cruellement d’audace et d’ambition, et n’augure pas d’une rupture avec les années de décroissance industrielle et agricole que la France subit au moins depuis l’époque écolo du président Sarkozy et de son calamiteux Grenelle de l’environnement, lorsque Michel Barnier était… ministre de l’Agriculture.