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MON 863 : Séralini recalé !

Dorénavant, Gilles-Eric Séralini, professeur en biologie moléculaire, devra s’entourer d’un meilleur statisticien et d’un toxicologue plus compétent pour réaliser ses prochaines études. C’est en tout cas ce que l’on peut conclure de l’avis rendu le 15 juin 2007 par la Commission du génie biomoléculaire (CGB) au sujet de l’article de M. Séralini et al. concernant la toxicité du maïs MON 863 (publié dans la revue Archives of Environnemental Contamination and Toxicology, 2007).

Saisie le 18 avril 2007 par le ministère de l’Agriculture, la CGB devait d’une part examiner la méthodologie utilisée par l’équipe dans le traitement des données statistiques, d’autre part commenter les interprétations toxicologiques qui en découlaient. En préambule, l’avis de la CGB rappelle que le travail de M. Séralini et al. se limite à apporter une « nouvelle analyse statistique » de données issues d’études toxicologiques déjà largement étudiées et commentées précédemment par les experts de la commission. En aucun cas, l’équipe de Séralini n’a effectué de nouvelle étude sur animaux.

Concernant les questions de méthodologie, la CGB a confié l’analyse statistique à Hervé Monod, chercheur à l’Unité de mathématique et informatique appliquée à l’Inra de Jouy-en-Josas. Sa conclusion est sans appel : « L’analyse des courbes de croissance proposée dans l’article de Séralini et al., 2007 ne prend pas en compte la variabilité entre individus et repose sur des hypothèses inappropriées concernant les erreurs résiduelles. En conséquence, elle n’est pas valide. » En effet, le statisticien de l’équipe de Séralini utilise « un modèle dit à paramètres fixes, dans lequel la seule source de variabilité provient d’erreurs indépendantes et identiquement distribuées (i.i.d.) ». Pourtant, les méthodes statistiques d’analyse de courbes de croissance ont fait des progrès considérables depuis quelques années, comme l’explique Hervé Monod. Aujourd’hui, les statisticiens compétents utilisent des modèles linéaires ou non linéaires avec effets ou paramètres aléatoires, qui prennent en compte plusieurs niveaux de variabilité. Dans son rapport, Hervé Monod utilise ainsi un modèle « non linéaire mixte à paramètres aléatoires », qui dépendent « non seulement du régime [alimentaire] mais aussi de l’individu ». Contrairement aux résultats présentés dans l’article de Séralini et al., 2007, le chercheur de l’Inra obtient des différences faiblement significatives entre les courbes de croissance des régimes avec ou sans OGM.

Concernant l’interprétation toxicologique, le jugement de la CGB est encore plus sévère à l’égard du travail de l’équipe de Séralini. La commission rappelle qu’« un diagnostic de toxicologie s’effectue sur un faisceau de preuves qui permet de mettre en évidence une action toxique et jamais sur une anomalie isolée, même statistiquement significative. […] La variation même statistiquement significative d’un paramètre isolé, non confrontée à celle d’autres paramètres biologiques et à des données cliniques, fonctionnelles et histologiques, n’a en soi aucune valeur. ». Ainsi, alors que l’équipe de Séralini interprète certaines données statistiques – qui n’ont pas de signification biologique- comme des signes de toxicité hépatorénale, la CGB souligne quant à elle qu’« une hépatotoxicité s’accompagnerait de plus d’une infiltration nécrotico-inflammatoire lobulaire, péri-portale ou sinusoïdale voire d’une atteinte cholangiolaire ». En clair, « l’absence d’anomalie biochimique significative et l’absence d’anomalie anatomo-pathologique ne permettent pas de conclure à une hépatotoxicité ».

Bref, le moins que l’on puisse dire est que les experts de la CGB ne considèrent pas ces travaux confiés par Gilles-Eric Séralini à un biostatisticien et à un médecin généraliste comme particulièrement pertinents. Ce qu’avait déjà noté l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) dans son avis du 26 avril dernier.

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