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La grande distribution dans le collimateur de UFC-QueChoisir

«  Les fruits et légumes bio se payent deux fois plus cher que leur équivalent en conventionnel », constate l’association Familles Rurales dans son Observatoire annuel des prix des fruits et légumes, rendu public le 24 août 2017.

« Après dix ans de valse des étiquettes, le prix des fruits et légumes bio aurait ainsi atteint un palier, situé à deux fois le prix du conventionnel », constate Dominique Marmier, le président de l’association. Cette année, la palme revient à la fraise et à la cerise bio dont les prix dépassent désormais le seuil de 10 euros le kilo.

Une famille adepte du bio devra donc dépenser en moyenne près de 240 euros par mois pour acheter les 400 grammes de fruits et légumes quotidiens recommandés par l’OMS, tandis que celle qui se satisfait des produits conventionnels se contentera de débourser environ 110 euros. Lié aux contraintes du cahier des charges bio, l’écart entre les deux types de production n’a jamais été aussi important.

Il n’est donc pas surprenant que l’association de consommateurs UFC-Que Choisirpose enfin la question qui fâche : « Le bio vaut-il vraiment le coup ? » Pas si sûr, à en croire les quelques pages consacrées à ce sujet dans la revue de septembre 2017. Les analyses de l’association n’ayant pas été en mesure d’établir de différence signicative entre bio et conventionnel, on y découvre que « côté nutrition, l’intérêt du bio n’est pas flagrant ». La revue conclut à « une absence de consensus sur les bénéfices nutritionnels » des aliments bio.

Pas meilleur pour la santé

« Il est difficile d’établir un lien direct entre ce régime [bio] et la santé de la population en général, ne serait-ce que compte tenu des biais sociologiques », admet volontiers le professeur Robert Barouki (Inserm). Constat qui ne l’empêche pas pour autant d’inciter à la consommation de produits bio « puisque ce régime fait baisser l’exposition aux engrais chimiques [sic] ». Or, dans 53% des produits alimentaires consommés au sein de l’Union européenne, aucun résidu de pesticides n’a été détecté (Il s’agit de 84341 échantillons couvrant 774 pesticides.). Et pour 44% des échantillons, les traces retrouvées demeurent largement inférieures aux Limites Maximales de Résidus réglementaires. Dans les faits, l’exposition alimentaire aux pesticides, infime lorsqu’elle est détectée, ne représente donc aucun danger pour le consommateur.

Pourtant, en raison des nombreuses campagnes anxiogènes – financées en général par le lobby du bio – mettant en cause les produits phytosanitaires, 88% des consommateurs sont convaincus que les produits bio sont meilleurs pour la santé ; une croyance entretenue au demeurant par Alain Bazot, président de l’UFC. « Les produits bio sont plus sains et plus respectueux de l’environnement », écrit-il dans son « Billet » de septembre, alimentant à son tour cette redoutable fabrique de la peur qui sévit dans notre pays.

Car c’est bien sur la base de cette chimie-phobie que repose le business du bio, un business fructueux que certains voudraient voir se développer davantage encore. D’où la petite opération finement menée par l’UFC. Celle-ci compte profiter des Etats généraux de l’alimentation pour mettre en cause la grande distribution, accusée de pratiquer sur les produits issus de l’agriculture biologique des marges « exorbitantes », qui seraient donc à l’origine des prix élevés. Etude à l’appui, l’association de consommateurs affirme que la marge brute de la distribution serait sur les fruits et légumes bio deux fois plus élevée que pour les mêmes denrées issues de l’agriculture classique.

« La grande distribution fait tout pour s’afficher en défenseur du bio. La confiance qu’elle souhaite installer auprès des consommateurs, à grand renfort de campagnes de communication, est mal placée », déplore ainsi Alain Bazot. Un discours aussitôt repris par la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB). « Les producteur(rice)s bio de la FNAB appellent les distributeurs à la transparence et souhaitent que les Etats généraux de l’alimentation débouchent sur des mesures fortes pour soutenir le développement de filières bio françaises équitables pour tou(te)s », note le syndicat des producteurs bio.

Pour l’UFC, la grande distribution devrait être incitée à réduire « de moitié » ses marges pour « rendre le bio plus accessible aux consommateurs ». Impossible, rétorque la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), rappelant que « le taux de marge brut sur les fruits et légumes bio est déjà en moyenne équivalent à celui pratiqué sur les fruits et légumes conventionnels ».

Une étude « nourrie de chiffres absurdes »

« Ce document est totalement partial et ne reflète pas la réalité du marché des GSA », note la FCD. « Il repose sur une série d’approximations méthodologiques », notamment en omettant de prendre en compte l’ensemble de la chaîne de valeur.

« L’étude donne l’impression d’avoir été réalisée par des bobos parisiens qui sont allés relever leurs prix chez Monoprix et Carrefour City », déplore Michel Biero.

Le patron de Lidl, Michel Biero, émet également de sérieux doutes sur l’enquête. « Elle donne l’impression d’avoir été réalisée par des bobos parisiens qui sont allés relever leurs prix chez Monoprix et Carrefour City. Ses résultats ne correspondent absolument pas aux marges que nous pratiquons chez Lidl », conteste-t-il, prenant l’exemple de la banane bio, achetée 28% plus cher et vendue 20% au-dessus du prix de la conventionnelle. « Sur le concombre bio c’est pareil : nous l’achetons 28% plus cher et nous le vendons à un coût supérieur de seulement 15 % », précise Michel Biero.

« Cette étude est effarante, nourrie de chiffres absurdes », dénonce pour sa part Thierry Desouches, le responsable des relations extérieures de Système U. « Nos marges sur la pomme Gala bio sont de 39,20%, contre 47% pour la pomme Golden conventionnelle. C’est vraiment du n’importe quoi », s’insurge le responsable, rappelant que « 80% des produits bio vendus en France sont importés, ce qui constitue le vrai problème du bio dans notre pays »

Biocoop : l’un des plus mauvais élèves

Comble de l’ironie, selon l’UFC, les magasins bio spécialisés, notamment Biocoop, La Vie Claire, Bio c’Bon ou encore Naturalia, seraient de loin les plus mauvais élèves de la classe. Pour un même panier de 30 produits représentatifs de la consommation des Français (fruits et légumes, viande, épicerie, boissons…), le coût serait en effet de 159 euros chez Biocoop, 161 euros à La Vie Claire et 164 euros chez Bio c’bon, contre en moyenne 112 euros pour les supermarchés bio (Auchan, Carrefour, Casino, Leclerc) et seulement 74 euros pour son équivalent en conventionnel

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