En déplacement dans une exploitation de Montastruc-de-Salies, en Haute-Garonne, ce 26 janvier 2024, le Premier ministre Gabriel Attal a dressé le constat des raisons qui expliquent, selon lui, la crise agricole que traverse le pays. Après avoir rappelé l’importance fondamentale du rôle des agriculteurs, le chef du gouvernement a affirmé vouloir « mettre l’agriculture au-dessus de tout ». « Ce que je veux, c’est déverrouiller, libérer et laisser respirer les agriculteurs », a-t-il assuré. Souhaitant apporter de nouvelles « preuves d’amour » au secteur agricole, il a décliné une première salve de mesures visant à « laisser les agriculteurs faire leur métier ». « Intéressantes mais insuffisantes », a rétorqué en chœur l’ensemble des syndicats d’agriculteurs.
Certes, le Premier ministre semble bien avoir compris que cette contestation profonde, multifactorielle, trouvait son origine dans ce que le monde agricole perçoit comme une incompréhensible inversion des priorités. En effet, alors qu’il y a encore quelques années, l’État privilégiait l’acte de production – agricole comme industriel –, aujourd’hui, c’est la défense de l’environnement et du climat qui a toute la faveur des pouvoirs publics. Cela se traduit par de multiples interdictions et injonctions, dont certaines se révèlent contradictoires, et la rédaction de nombreux textes de loi, soumis aux diktats du droit de l’environnement, qui s’est construit en opposition à toutes les activités humaines. Tout cela ayant bien entendu des conséquences évidentes sur le revenu des producteurs. Mais simplifier les textes, faire respecter la loi Egalim et refuser les accords de libre échange ne suffisent pas à ouvrir ce « nouveau chapitre », que Gabriel Attal appelle de ses vœux.
Rompre avec l’ancien paradigme pour écrire ce « nouveau chapitre » et « mettre l’agriculture au-dessus de tout le reste » exige en effet de véritables « preuves d’amour ». La première consisterait à engager le gouvernement dans une opposition claire au projet décroissant du Green Deal de la Commission européenne, dont les prémices sont de facto déjà manifestes en France.
La deuxième, à l’échelle nationale, pourrait s’illustrer par la mise en place d’indicateurs quantitatifs de productions, secteur par secteur, afin de traduire le discours autour de la souveraineté alimentaire par des objectifs concrets. Enfin, la troisième serait l’annonce d’un moratoire sur l’ensemble des lois environnementales, accompagné de la promesse d’une révision de celles déjà adoptées. Dans ce cadre, l’accès à l’eau comme aux autres outils de production doit être facilité. Cela implique également une rectification des objectifs d’Écophyto, l’une des principales contraintes qui pèsent sur les producteurs de céréales, de fruits et de légumes.