AccueilDécryptageL’agribashing dans les rues se poursuit

L’agribashing dans les rues se poursuit

À l’initiative du collectif Stop Monsanto-Bayer et l’agrochimie, une marche est organisée ce 17 octobre à Paris, sur le thème « Notre Assiette pour Demain » (NAPD). Elle s’accompagnera d’événements qui se tiendront en simultané un peu partout sur le territoire français

La date du 17 octobre a été choisie en prolongement de la journée mondiale de l’Alimentation, qui aura eu lieu la veille. C’est donc ce jour là, que se déroulera une marche d’un nouveau genre organisée par le collectif Stop Monsanto-Bayer et l’agrochimie. Animé notamment par Damien Londiveau et Tom Baquerre, deux salariés de Greenpeace, ce collectif a pour ambition de susciter une « mobilisation citoyenne de masse » pour « dénoncer le système agro-industriel ».

Portés par le succès des marches pour le climat, ainsi que des manifestations allemandes « Nous en avons assez » organisées depuis dix ans pour protester contre l’industrialisation de l’agriculture, les représentants du collectif, qui souhaitent « créer un mouvement citoyen sur les enjeux agriculture/alimentation », expliquent : « Si nous voulons augmenter notre niveau de radicalité, nous devons obtenir le soutien de la population sur les revendications que nous portons. » Et ils ajoutent : « C’est grâce au soutien de la population pour nos revendications que nous pourrons augmenter le rapport de force avec les institutions. »

Profitant des multiples campagnes d’agribashing lancées ces dernières années, les organisateurs de la marche estiment que le moment est mûr pour le développement de ce type de mouvement, qui bénéficie d’ores et déjà du soutien de la militante anti-OGM Vandana Shiva et des habituels opposants à l’agriculture « industrielle », comme la Confédération paysanne, la Fédération nationale d’agriculture biologique, France Nature Environnement, ATTAC, Générations Futures, Bio Consom’acteurs, Nous Voulons des Coquelicots, etc.

Sans surprise, on retrouve dans leur propagande les sempiternelles attaques formulées contre l’agriculture, rendue responsable de la chute de la biodiversité, de la destruction de l’environnement, du réchauffement climatique, et accusée de rendre « malades ses propres agriculteurs et agricultrices ».

Mais on assiste aussi à quelques innovations, comme cette courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dans laquelle est posée la question de la malnutrition. « Alors que nous mangeons tous les jours des produits alimentaires issus de l’agriculture intensive, combien d’entre nous souffrent de malnutrition ? », s’interroge celle-ci, en proposant des images d’ambulances qui arrivent au service des urgences, sur lesquelles viennent s’incruster les mots « cancer », « maladies cardio-vasculaires » ou « diabète de type 2 ».

Malnutrition : un sujet sérieux

Or, si le sujet de la malnutrition reste assurément une réelle problématique mondiale – 2 milliards de personnes souffrent en effet de carences en micronutriments essentiels, comme le fer, la vitamine A ou l’iode, selon les chiffres du dernier Rapport sur la nutrition mondiale –, il est totalement absurde de mettre en accusation l’agriculture européenne.

Au contraire, c’est précisément souvent en l’absence d’une agriculture performante, comme celle dont nous disposons en France, qu’on aboutit à la malnutrition, qui touche principalement les pays en développement. Car c’est bien majoritairement dans ces pays que se trouvent les 155 millions d’enfants de moins de cinq ans qui présentent un retard de croissance, et les 52 millions d’entre eux qui sont atteints de maigreur extrême.

Et, s’agissant du 1,9 milliard d’adultes qui sont en surpoids ou obèses, la cause est clairement identifiée : un régime alimentaire déséquilibré, qui n’est pas davantage dû à l’agriculture conventionnelle, mais plutôt à des mauvaises habitudes alimentaires. La solution à la malnutrition passe bien entendu par une intensification et une modernisation de l’agriculture de ces pays, assorties d’une offre alimentaire plus variée. Bref, par une augmentation générale du niveau de vie et une meilleure éducation alimentaire.

Profitant des multiples campagnes d’agribashing lancées ces dernières années, les organisateurs de la marche estiment que le moment est mûr pour le développement de ce type de mouvement

Pour ce qui est des « solutions alternatives pour créer une agriculture respectueuse de l’humain, de l’environnement et de la biodiversité », le collectif s’aligne sur les discours très à la mode du retour à la terre, en émettant le souhait de « créer plus d’un million d’emplois pérennes et non délocalisables en milieu rural ».

Comme l’a indiqué Damien Londiveau, à l’occasion d’une table ronde du Camp Climat de Marseille, en août dernier, il compte sur « l’exode urbain » pour arriver à cet objectif. Même si la vie à la campagne est effectivement très tendance, il reste toutefois à savoir si les citoyens français répondront présents au rendez-vous de ce nouvel épisode d’agribashing…

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